La compagnie aérienne missionnaire S.A.M. (Service Aérien Missionnaire) mi fin à ses vols régionaux au Congo en 2008, après 38 ans d’activités.
Le «géniteur» en fut le Père Jacques Fiévet, Missionnaire d’Afrique.
Durant de nombreuses années sa mini-compagnie aérienne était mieux connue au Congo sous le nom populaire d’Air-Jacques. (*)
Aviateur chevronné, notre cousin André de Failly, fils de Jean de Failly et de son épouse Marie-Adeline d’Ydewalle, a souhaité rendre hommage au Père Jacques, missionnaire-aviateur qu’il a souvent cotoyé sur divers aérodromes du Congo.
Nous reproduisons ci-dessous son récit, intitulé Les Trois Miracles du Père Fiévet.
(*) Le site des Missionnaires d’Afrique (les ‘Pères Blancs’) a également consacré un article à l’histoire de la compagnie aérienne S.A.M.
Introduction
Jacques Fiévet était Père Blanc. Idéaliste, généreux comme des centaines de jeunes gens des temps anciens.
Il s’était engagé volontaire dans l’ordre des Pères Blancs d’Afrique pour instruire, protéger, assister les masses d’Africains qui vivaient péniblement en manque de tout, affolés et sans défense, au temps des sorciers à plumes et des esclavagistes armés de pétoires à poudre.
Jacques Fièvet était le fils aîné d’une famille nombreuse, chrétienne et campagnarde du Condroz. Baptisé en 1928, il était séminariste en 1948.
L’ambiance familiale allait de soi. Les liens étaient solides et définitifs. Jacques était plutôt du genre doué et costaud avec son mètre quatre-vingt. Il était patient et décidé comme un ardennais.
Chapitre premier
Jacques au Congo, Jacques au Zaïre.
Dès les débuts de la "colonisation" du Congo Belge, les différents ordres missionnaires s’étaient organisés par territoires entiers à évangéliser les Bénédictins, les Jésuites, les Frères Maristes, les Scheutistes et les Pères Blancs. Chaque ordre prenait un immense territoire à sa charge.
Les Pères Blancs se virent attribuer le Maniéma et le Kivu. Deux immenses territoires de forêts denses entre les plaines des affluents du fleuve Congo et les hautes montagnes du Kivu.
Ces territoires sont sillonnés de fleuves sauvages, parsemés de gros reliefs rocheux et débouchent brusquement sur un immense lac paisible, admirable et très profond.
Au Nord du lac Kivu se trouve la ville de Goma avec son bel aérodrome et ses volcans plus ou moins dormants à 3000 m d’altitude.
Le Maniéma (en rive droite du fleuve Lomani) se situe en plein sur l’Équateur. Cette rude contrée avait aussi été la Terre accaparée par le redoutable Tippo Tip, esclavagiste numéro 1, tout au long du 19ième siècle. Stanley était également passé par là ainsi que le formidable Livingstone.
Le survol de ce pays est renommé pour ses étendues de forêts sans repère, ses distances et ses météos excessives des climats tropicaux.
La Mission des Pères Blancs, avec Jacques Fièvet et ses confrères, était basée à la Mission de Bukavu au temps des grands remue-ménages d’avant et d’après les « Indépendances » du Congo des années 60.
Les Pères œuvraient au quotidien dans leurs classiques postes de missions, à l’écart de la belle ville de Bukavu. Cette ville était encore prospère avec ses nombreux colons belges nostalgiques qui s’accrochaient de toutes leurs forces à leurs lacs, leurs climats, leurs entreprises te leurs belles habitations.
Deux beaux aérodromes équipaient la ville.
De la Mission de Bukavu dépendait aussi une bonne dizaine de postes missionnaires disséminés sur un territoire lointain et grand comme la France.
A la Mission, Jacques était enseignant, prêtre, chef d’atelier, chauffeur de camions, en charge de « la procure », de l’acheminement du ravitaillement, du carburant, du courrier, des pharmacies et des finances. Efficace, il était partout et aussi beaucoup sur les routes.
Au bout de quelques années de crapahutes en 4x4, en camion Toyota, ou en tracteur, par des routes dévastées, des ponts cassés, des inondations et d’inévitables rencontres incertaines, Jacques a commencé à s’intéresser aux avions de brousses. Il était dans sa quarantaine.
Au Kivu, deux grandes sociétés minières s’équipaient progressivement d’avions petits porteurs et d’élémentaires petits aérodromes de brousse.
La mission protestante de Bukavu vint à en faire autant. Avec succès.
Un petit porteur pour les Pères Blancs serait aussi un formidable outil !
Chapitre 2
Le Piper Cherokee
Les ordres religieux, c’est bien connu, ont parfois des alliés et des amis généreux bien placés et dotés de bras très longs. Les Pères de Bukaku avaient des amis de cette trempe en Hollande et voici que, Déo Gracias, les amis hollandais s’engageaient à fournir un avion petit porteur à la mission de Bukavu. Un beau petit avion, sorti d’usine et sans pilote…
L’aubaine était de taille et forçait à prendre à prendre quelques décisions bien calculées.
Les Pères Blancs tirent conseil car il leur fallait trouver sans tarder le pilote d’avion idéal, fiable et pas cher.
Après mûres réflexions, Jacques se propose de suivre des cours de pilotage à Temploux, dès son prochain congé en « Europe ».
Ainsi fut fait…
Cours au sol, météo, moteur, aérodynamique, navigation, instruments, radiophonie, règlement… suivis des premiers vols dans l’avion de l’aéroclub avec le moniteur attitré.
Premiers Check List, premiers décollages, avec cap et vitesses appropriés, circuits, vent arrière, finale atterrissages, remise des gaz, atterrissages… Encore et encore, jusqu’aux bons réflexes et bons jugements.
Aux congés suivants : Quelques navigations calculées dans les Ardennes, des circuits à Gosselies, des approches à Bruxelles ou à Lille pour se familiariser avec toute la phraséologie à l’américaine des contrôles aériens.
Il s’agit d’apprendre vite et bien.
Vinrent les premiers solos, les premiers brevets, les brevets hors frontières, avec passagers… Ouf !
Jacques était paré.
La Traversée du désert
Un voyage de cette ampleur se prépare à fond et dans les détails.
Passons, passons, sur les impératifs administratifs concernant le matériel volant, les autorisations de survols, les brevets, les licences, et les homologations de toutes sortes.
Ces multiples démarches sont assez fastidieuses, mais elles assurent une bonne part de la sécurité aérienne.
L’avion
L'avion des missionnaires est un Piper Cherokee.
Un petit avion tout basic de construction américaine des années 60, l'avion vole bien, à 200 km/h en croisière, et atterrit à 95 km/h.
Un avion à ailes basses avec un moteur Lycoming de 4 cylindres à plat, de 150 Hp pour 5 litres de cylindrée.
Une hélice à pas variable et une consommation de 40 litres d'essence à l'heure.
Bref: Une belle petite machine très fiable avec son train fixe, son poids à vide de 544kg, sa charge utile de 430 kg.
et son autonomie de 860 km. (465 nm) soit 4 heures de vol max.
La navigation
Temploux, ou plutôt L'aérodrome de Gosselies, car douanes et plans de vols obligent, se trouvent sur la latitude géographique de 52 ° Nord. Kinshasa destination, se trouve à 2° sous l’Équateur.
Une distance de 54 degrés de latitude font une distance /sol de 3.000 miles nautiques c’est-à-dire 5.800 km. L'avion vole à 108 nautiques à l'heure.
L'équation finale donne : 30 heures de vol, 8 escales, 1.200 litres de carburant et 5 ou 6 cartes topographiques au millionième, tracées avec précisions, de caps, de distances, de repères.
Itinéraire présumé ; Charleroi, Cannes, Ajaccio, Alger, Guardaia, El Goléa, Tamanrasset, Agades, Kano, Yaounde, Bangui, Mbandaka, Kinshasa.
Jacques se savait peu expérimenté. Il eut la bonne idée de se faire accompagner d'un confrère débrouillard et confiant. Surtout confiant.
Le jour « J » arriva.
Les météos étaient bonnes. C'était l’hiver, les vents de sable dans le Sahara n'étaient pas à redouter et le Vaillant Cherokee décolla pour l'étape numéro un : Cap au sud.
Nous ne savons pas vraiment par où les bons pères sont passés. Nous pouvons supposer, le cheminement suivant : En trois jours, la France, la Corse, la mer, la Kabylie, Alger.
La France avec ses paysages confortables et prospères, la méditerranée et ses longues heures de monomoteur «au-dessus de la flotte » en frôlant la Corse et la Sardaigne. L'Algérie enfin avec et sa sévère géographie accidentée et plutôt inhospitalière.
Jours suivants, El Goléa, Tamanrasset, Agades, Kano ; rien que du désert.
Vide de vide, avec seulement des gros cailloux au sol, des dunes et des mystérieux méandres d'immenses rivières préhistoriques.
Le sol est uniformément ocre avec des traînées de roches anthracites, le ciel est d'azur, le soleil est de plomb et la visibilité excellente.
Le spectacle est si surprenant que le silence s'installe dans l'habitacle. Pas un chameau, pas âme qui vive, pas de route, pas un buisson.
À 2.000m, la température dans l'habitacle est tempérée, et le tableau de bord affiche tranquillement toute la bonne tournure de l'expédition, le moteur ne fait pas un seul raté.
L'équipage navigue heureux, les cartes sur les genoux et bien content que les quelques radiobalises escomptées confirment la justesse du tracé.
Arrive « Le Hoggar » visible depuis des heures avec sa bienvenue escale en récompense. C'est Tamanrasset, avec sa chaleur et ses mouches. Ses maisons en torchis chaulées et ses nombreux habitants placides enturbannés et en jeans.
Les 4x4 japonais et les vieilles Peugeot ont détrôné les dromadaires depuis longtemps. Quelques tavernes de planches et de chaume proposent leurs minuscules doses de thé à la menthe.
Redécollage, un beau matin et cap au Sud.
Arrive Agadès. Une ville du Niger très étendue et en terrain plat. Vue d'en haut, tout est ocre, couleur de sable : le sol, les cases, les chemins, les entrepôts. Le patelin ne se discerne que par ses ombres et ses angles droits.
Seule la lointaine piste de l'aérodrome trace un mince trait noir de bitume dans cette plaine sans fin.
Atterrissage. Étirements des membres plus ou moins cocasses, observations premières et généreux silence d'après vol.
Étapes suivantes. Kano, Yaoundé, Bangui
Ou la transition assez brusque du désert de sable à la verdure tropicale. D'abord quelques buissons, puis des rivières, des arbres rares et rabougris, des villages épars sous leurs toits de tôles .Des restes de forets surexploitées, Un paysage plein de cicatrices.
Puis, tout se densifie au sol pendant que l'avion progresse au cap constant.
Arrive Bangui dans son environnement tout criblé des milles petites excavations des chercheurs de diamants. C'est le pays de Bokassa. Il vaut mieux ne pas s'y attarder.
Vite, les dernières étapes : Bandaka, Kinshasa. Cette fois, c'est la forêt dense, et un peu redoutable par sa masse engloutissante. Le fleuve Oubangui se précipite sur Mbandaka, l'ancien Coquilhatville des belges.
Des masses d'eau impressionnantes serpentent à travers tout le paysage en charriant des arbres entiers, des débris de forêts et de berges effondrées. Le fleuve est brunâtre de limons et de jacinthes d'eau. Une force de la nature qui s'impose.
Les deux navigateurs aperçoivent parfois au sol, l'ombre de leur petit avion qui semble sauter tranquillement tous les obstacles de cette terre sauvage a du 200 km à l'heure. Un furtif moment de fierté intérieure.
L'Oubangui se jette dans le fleuve Congo, c'est à dire, une nouvelle démesure au milieu de la forêt sans fin.
Dieu merci, la météo est bonne, car c'est la région où les orages sont de murs de turbulences, d'arcs électriques foudroyants, accompagnées de redoutables trombes d'eau.
Chemin faisant, le fleuve Congo s'élargit brusquement, il devient « Stanley- Pool ». Nous y sommes, c'est Kinshasa droit devant.
Atterrissage à N'Dolo, l'aérodrome de Léopoldville.
Et Mission Accomplie. Enfin.
Miracle n°1
Jacques volait depuis plusieurs mois avec ses cargaisons de ravitaillements, de médicaments et de passagers entre Goma, Bukavu, Kampene, Lulingu, Kasese … consciencieusement et sans accrocs, de poste en poste, au quotidien, par-dessus la brousse du Maniéma, lorsque, un beau jour, son Révérend Père Supérieur lui demanda un lift à destination de Kassongo, afin d'y faire une visite officielle et pastorale.
C'était une destination nouvelle, le terrain n'était pas bien connu. C'était loin, mais faisable en 1h20 de vol. Les compères conviennent de prendre quelques précautions avant d'atterrir car l'aérodrome est incertain. Jacques accepte la mission et s'y prépare.
Décollage de routine donc, et cette fois avec un évêque en large soutane blanche, en prévision d’un triomphant accueil à l'africaine sitôt arrivés.
L'habitacle du Cherokee est étroit, et les deux pères blancs, sont un peu serrés dans leur coude à coude. Ils contournent le haut du Kahuzy, la montagne aux gorilles, prennent un cap ouest en légère descente, suivent la rivière Ulindi, passent Shabunda et son terrain, bifurquent sans encombre vers leur destination.
La météo est clémente et les repères bien visibles. Le vol est bien mené sous les cumulus de beau temps. Le sol glisse lentement sous les ailes et loin devant, l'horizon recule.
Enfin, voilà Kasongo et son aérodrome vu de loin et de haut.
La plaine est vaste, elle semble être en bon état, sans épaves abandonnées, sans tranchées, sans obstacles. Jacques remarque que la plaine semble pourtant bien verte. En léger virage à gauche, il observe, cogite, mesure, et décide d'atterrir.
Le «Monseigneur» ne dit rien n'aimant pas beaucoup les virages serrés et les ailes qui penchent.
Jacques fait son circuit en vent arrière, amorce son dernier virage en descente, s’aligne nez haut avec un peu de volet et moteur réduit, il s'apprête à toucher le sol,...
Horreur, le sol se dérobe, les roues sont dans le mou, des herbes volent et se couchent, les roues touchent enfin et l'avion, brusquement freiné, s'enfonce dans une végétation haute et dense qui se couche.
Des épis, des graines et des copeaux flagellent la verrière, et virevoltent de partout, la visibilité est presque nulle dans ce charivari de moissonneuse-batteuse.
Puis, enfin, tout s'arrête ; l'hélice continuant à mouliner tranquillement ces herbes sèches de deux mètres de haut. Les deux compères se regardent un peu interloqués car c'était un atterrissage un peu spécial.
Tracté par son hélice, Jacques se trace un étrange chemin dans les végétaux jusqu'à l'aire de stationnement. Il se fait songeur et pense au décollage du lendemain.
Il amarre solidement son avion au sol, pour parer à tout coup de vent et monte à la Mission avec son évêque, embarqués par un confrère venu à leur rencontre.
Le comité d’accueil escompté était, heureusement, des plus réduit ce jour-là.
Retrouvailles au réfectoire : plaisanteries, détente et une bonne bière de la réserve, ont amorcé des vifs conciliabules abordant le décollage du lendemain.
Jacques se préparait à dégager les cylindres, les magnétos, le filtre à air de toute la paille, le foin et les débris de matitis qui encrassaient le moteur. Tandis que la mission se chargerait d'engager des équipes de travailleurs pour faucher au coupe-coupe une piste praticable de 800m... C'était le plan.
Arrive le soir, arrive la nuit et le chacun pour soi dans la nuit.
Un petit orage, peu dérangeant, grondait au loin, comme d'habitude.
Mais bientôt, le petit orage se fit plus proche et plus menaçant. De plus en plus proche. Bien vite, des éclairs craquaient d'un gros nuage à l'autre, avec des bruits d'explosions, des arcs électriques déchiraient la nuit et se fichaient au sol avec fureur, l'orage tropicale dérivait avec tout son fracas vers l'aérodrome, l'orage était sur la plaine,
Jacques n'en dormait plus. Il avait bien attaché son avion mais les coups de vents malvenus et excessifs pouvaient sévèrement maltraiter la machine.
Et voilà que : pire que pire, un feu de brousse se déclare aux abords de la plaine. L'inquiétude devint angoisse, car toute la plaine finit par prendre feu, dans un général embrasement massif.
« Mon avion, mon avion ! » Devait songer Jacques.
Au petit matin, les missionnaires, un peu tremblants, se préparent tristement à constater les dégâts : Les hautes herbes d'hier ont bel et bien brûlé, le vaste aérodrome est tout carbonisé.
Au sol, il n'y a que cendres noires, légères et immobiles.
Y compris sous l'avion, les pneus sont plantés tout ronds et bien gonflés dans la cendre noire, les ailes sont propres et toutes blanches sans un débris, sans une trace d'herbe brûlée, les réservoirs ont vu le feu de près et l'avion est intact. C'est miracle ! L'avion est sauf.
La suite de cette histoire ?
En quelques demi-heures, Jacques a entièrement nettoyé la nacelle moteur et vérifié les câbles d'allumages, les deux magnétos, le filtre à air, les tubulures d'échappements. Le niveau d'huile…
Il a fait un essai moteur et vérifié le pas variable et les magnétos, tout était bon.
S'ensuivit ; le chargement comme à l'accoutumé, les brefs adieux et quelques chaudes connivences en plus suivi d'un majestueux décollage de routine sur un sol dur et bien roulant comme si de rien n'était.
Fin de cette histoire au caractère miraculeux.
Miracle n°2
Le Cherokee avait atterri dans l'après-midi sur un aérodrome en dur.
La nuitée était prévue « à la Mission » avec un décollage le lendemain matin.
Le Père Jacques avait soigneusement amarré son avion à l'endroit prévu, c’est-à-dire à proximité de la tour de contrôle et des hangars construits au temps de « Air Congo ». Les bâtiments étaient couverts de tôles ondulées et se faisaient, peut-être, un peu vétustes. Tout était bien tranquille et inspirait confiance.
Dans la nuit noire, toutefois, une série de féroces coups de vents inattendus, aux allures de petits cyclones vinrent soulever et arracher l'ensemble des tôles emportant leurs antiques chevrons passablement rongés, sans doute, par les ans et les termites.
Résultats : Jacques découvrit, au petit matin, avec angoisse, un sol jonché de tôles et de clous tordus tout autour de son avion et même en dessous.
Il devinait les redoutables cisaillements des tôles envolées avec fracas dans cette nuit de tempête et leurs tourbillons féroces à la verticale de son avion, de sa verrière, de son empennage, et de ses ailes.
Il découvrit le Cherokee intact dans sa blancheur habituelle et immobile dans ses amarres.
Alléluia! Alléluia !
Miracle n°3
Jacques et son avion étaient bel et bien opérationnels depuis quelques années de travail aérien, lorsqu'un jeune banquier de Bukavu qui avait son brevet de pilote privé, émit l'idée de louer le Cherokee de la mission pour passer un week-end entre amis, dans la Réserve de la Virunga, au nord de Goma. Un long week-end de Safari entre amis.
Les Pères se consultèrent et acceptèrent le projet. L'homme étant correct et digne de confiance.
Sans compter qu’accessoirement, la location de l'avion présentait quelques aspects intéressants pour les deniers de la procure.
Comme conclu, un beau jour, l'avion était fin prêt, Jacques fit ses recommandations au pilote et aux passagers. Ils étaient 4, avec leurs gros sacs de baroudeurs, leurs chaussures et grands chapeaux pour les 2 dames.
Compte-tenu de l'altitude, l'avion du banquier, avec son plein de carburant, était proche de sa charge maximale.
La piste d'envol de Bukavu est de bonne dimension, elle se trouve à 1.500 m d'altitude, est orientée Nord Sud, en légère pente vers le Sud. Une ligne à haute tension se trouve à 3 km au Nord, un gros relief ferme l'ouest, le lac Kivu s'ouvre à l'est.
En général il y a très peu de vent à Bukavu si bien que les avions décollent d'emblée dans la pente vers le sud, même par vent légèrement défavorable.
Les Boeing 737 d'Air Zaïre y vont et viennent régulièrement selon cette procédure.
Pour le Cherokee de nos amis, tout était prévu : décollage dans la pente Sud, puis virage à gauche en montée sur le lac, cap sur Goma et joyeuses 25 minutes de vol en perspective.
Le moment venu, ils roulent en « taxi » sur quelques cents mètres, moteur au ralenti pour s'aligner et décoller vers le sud.
Hélas, le vent du nord avait un peu forci entre-temps et le contrôleur aérien décide d'inverser le sens des décollages c’est-à-dire dans le vent mais en légère montée, vers le nord. Le Cherokee obtempère aux ordres comme il se doit et s'achemine longuement vers le seuil de la piste en léger creux, pour un décollage nord.
Au bord du taxi-track, le père Fievet juge les nouvelles conditions de décollage franchement inconfortables voire même dangereuses. Mieux valait attendre un peu que le vent faiblisse pour décoller vers le lac.
Sans radio, ni téléphone, ni drapeaux rouge...il fait des grands signes au jeune pilote en croisant les bras bien haut pour dire de loin ; « Stop, halte, revenez, ne décollez pas maintenant, c'est mal parti, Attendez un peu… »
Tout joyeux, nos jeunes gens répondent et rajoutent des Aurevoirs enthousiastes et confiants, les mains en éventails.
Très inquiet, Jacques ne pouvait qu'observer son avion s'éloigner sans lui, dans une manœuvre un peu limite, sans aucun moyen de se faire comprendre.
Plein gaz, l'avion se met à rouler. Il roule et accélère avec peine dans le montée.
À mi- piste, il roule toujours. Idem au trois quarts de la piste. En bout de piste enfin, il s'élève lourdement et reste cabré en montée.
Jacques a le cœur bien serré et pense ; « Mon avion, mon avion. Seigneur Jésus » !
Et Caramba, devant, c'est la ligne à haute tension. L'avion s’emmêle dans les câbles, provoque une grosse boule de feu et des arcs électriques puis tombe parterre illico.
Le désastre.
Jacques saute dans sa Renault 4 L pour secourir au plus vite ses 4 infortunés touristes.
Il découvre l'avion 3 kms plus loin, les ailes pendantes dans un champ de bananier, la porte latérale est largement ouverte, les passagers sont sortis en se frottant les manches et en se rajustant les vêtements, ils projettent même de récupérer leurs bagages. Ce qui fut fait sans bousculade.
Aucun n'est blessé, ils sont juste un peu pâles et muets.
Une fois réunis avec leur barda, à quelques mètres de l'épave, celle-ci, brusquement prend feu. Décidément Lucifer n'est jamais loin !
Un immense incendie détruit entièrement le Cherokee. En quelques minutes, il n'existe plus.
« C’est un miracle quand même. » nous a confié Jacques 20 ans plus tard !
Chapitre 3
Le Cessna Push-Pull.
Les chapitres 1 et 2 représentent le tiers ou le quart du carnet de vol complet de Jacques Fievet. Soit, les heures de vol en Piper Cherokee.
Par la suite, le missionnaire devait s'équiper d'un Cessna Push-Pull ; un avion plus performant qui pouvait emporter 5 passagers ou un bon 700 kg de charge utile, avec une belle autonomie de carburant, en sus.
C'était un avion un peu trop sophistiqué pour être un bon broussard. Le moteur arrière avait tendance à surchauffer et son hélice pagayait avec ardeur dans l'air turbulent du moteur avant...
Ce type de Cessna avait été conçu avec un train d'atterrissage fixe.
Pour gagner quelques nœuds de milles nautiques en performance, l'avion à train fixe fut modifié en version train rentrant.
C'était une mécanique astucieuse, quoique, faite de quelques disgracieuses torsions et d'escamotages à clapets qui demandaient beaucoup d'attention au chef mécanicien, à savoir au Père Jacques tant et si bien qu'un jour « chez nous, » à Kalima, à la « Symétain/Sominki, d'autrefois, où il lui arrivait de faire escale et le plein de carburant, les manches retroussées et le cheveux en bataille par les problèmes cumulés du Push Pull, il s'exclama tout de go d’une voix forte et assortie de quelques gros mots du Condroz, pour dire : « Seigneur Jésus ! Si seulement j'avais fait un peu plus de mécanique et un peu moins de théologie Je n'en serais pas là… »
C'était tout lui.
De même qu’en racontant les 3 miracles, Jacques me confia : « Ça, André, si ce ne sont pas des miracles, je n'y crois plus, moi non plus.... ». Encore Lui !
Après quelques années de vols en Push-Pull, avec parfois «le train sorti » pour la sécurité... vint le Parténavia.
Un bimoteur classique à train fixe d'une robuste construction italienne, équipé de deux bons moteurs Lycoming de 210 CV avec hélices à pas variables.
C’était un avion de brousse qui fit merveille pendant les vingt ans de travail aérien qui suivirent l'épisode du Cherokee. Six personnes à bord ou une bonne charge utile et une bonne autonomie. L'avion idéal !
En Parténavia, Jacques fit aussi la découverte des premiers GPS. Ce formidable et nouvel instrument lui permit de faire des percées, en toute sécurité, à travers les stratus matinaux qui traînent parfois dans le Maniema, et confirmait à tout moment sa position avec une surprenante exactitude.
C'était une grande aide à la navigation que Jacques et ses passagers apprécièrent immensément.
Vint 1994.
Le Kivu connut des nouveaux et tragiques tumultes. Des soldats français campaient dans le hangar des Pères à Kavumu. C'était les gaillards disciplinés et corrects de l'incompréhensible opération Turquoise.
Pour les français, le Parténavia et son équipage ... se firent fermement priés de ramener quelques pesantes cargaisons de victuailles de Goma, à 20 minutes de vol par-dessus le Lac Kivu.
Ces missions étaient franchement dérangeantes pour nos vaillants missionnaires car les africains des alentours ne manquaient pas d'y voir quelques sombres embrouilleries et partis pris.
Heureusement, le Père Denis Esnault avait pris le relais dans la SAM (Service Aérien Missionnaire) = Air Jacques de sorte que Jacques, l'âge venant, put prendre congé sur les bords de la Meuse.
André de Failly
Il y a quelques mois, M. Pierre de Grand Ry attira mon attention sur le fait que Sa Majesté le Roi Philippe et Sa Majesté la Reine Mathilde pourraient être parents via les lignages de Bruxelles.
Selon deux ouvrages de Léo Lindemans :
Tableau d’ascendance de la maison royale belge, livre troisième : d’Udekem d’Acoz, 2002
Tableau d’ascendance de la maison royale Belge, livre deuxième : Ruffo di Calabria, 1999
S.M. le Roi Philippe et S.M. la Reine Mathilde auraient notamment une ascendance commune lignagère de Bruxelles en la personne de Wouter Pipenpoy, décédé vers 1358, échevin de Bruxelles du lignage t’Serhuyghs en 1331, 1333, 1336 et 1337 x Catherine Boote (voir tableau ci-après).
Avant tout, précisons la notion des lignages de Bruxelles telle que donnée par M. Eric Meuwissen. « Les lignages de Bruxelles sont une institution qui remonte à la deuxième moitié du 12e siècle explique François de Cacamp. Les familles lignagères ont constitué dans la ville de Bruxelles, une classe privilégiée qui se confond avec la classe des propriétaires. Cette propriété du sol de la ville justifiait aux yeux des patriciens du moyen âge, leur prétention au monopole des charges publiques. L’échevinage était considéré comme leur bien propre. Il était leur œuvre et l’instrument de leur pouvoir politique autant que social et économique. La ville même de Bruxelles et la plupart des institutions communales, de type aristocratique par excellence, étaient pour l’essentiel, l’œuvre de ces grandes familles de propriétaires, bien plus que l’œuvre des ducs, dont elles combattirent longtemps, et non sans succès, les prétentions autoritaires et centralisatrices. Les derniers siècles de l’Ancien Régime furent pour l’institution lignagère, une période de lente décadence. Mais les membres des lignages, imbus de la superbe que leur donnaient leurs privilèges abusifs, n’en regardaient pas moins avec dédain les « rustres » du plat pays. Les lignages étaient au nombre de sept, comme celui des sièges d’échevins à pourvoir. Les sept lignages patriciens étaient : Coudenbergh, t’Serhuyghs, Sleeus, Sweerts, Steenweegs, t’Serroelofs et Roodenbeke. Il ne faut pas confondre les lignages et les métiers. Les lignages eurent l’exclusivité des charges politiques jusqu’en 1421. À cette date, le duc Jean IV dut accorder la Grande Charte bruxelloise, dans laquelle il promettait aux métiers – groupés en nations – de partager le pouvoir avec les sept lignages. Le magistrat de Bruxelles compta dès lors dix délégués des lignages et neuf des nations. Cependant, l’échevinat resta l’apanage des lignages jusqu’à la fin de l’ancien Régime. Pas question de la partager avec « ces personnes ignobles et de naissance obscure… qui se sont enrichies considérablement par le commerce… qui ont exercé métier et style mécanique comme brasseurs et marchands, d’autres étant fils de brasseur, teinturier, orfèvre, marchant d’étoffe, papier et dentelles.
Les deux bourgmestres, à partir de 1421, issus l’un des lignages et l’autre des métiers, avaient des fonctions principalement judiciaires. Pour pouvoir revendiquer les privilèges des lignages, explique Christophe Defossa, il ne pouvait être question d’être brasseur, tanneur, ou orfèvre. En revanche, on trouvait parmi les lignagers, des négociants en gros, des procureurs, des avocats, des magistrats. On a tendance à croire que les lignages et les métiers étaient très opposés, mais il faut savoir que beaucoup de lignagers préféraient exercer des activités lucratives au sein des métiers. Ce fut le cas de Mosselman. Sous l’impératrice Marie-Thérèse, il fut fait une démarche, en faveur des principaux lignages, par les rois et hérauts d’armes, démarche qui semblait tendre à les rapprocher de la noblesse, en les distinguant du reste de la bourgeoisie. S’ils n’ont jamais été reconnus pour tels, il faut l’attribuer sans doute à une circonstance particulière, qui explique l’insuccès de leurs vœux. Cette circonstance n’est autre que le double mode de transmission par les hommes et par les femmes de la qualité de lignager. Il s’en suivit que les personnes ayant droit à cette qualité se multiplièrent outre mesure et qu’elles se répandirent dans tous les rangs de la société. »
La filiation de S.M. le Roi Philippe du côté maternel a déjà été approuvée par la Commission des preuves de l’association des lignages de Bruxelles. Il reste toutefois à vérifier certaines données de l’ascendance de S.M. la Reine Mathilde :
Le mariage en 1598 de Pieter t’Kint avec une certaine Jeanne (Pipenpoy ?), donné par Lindemans comme fille du couple Jan Pipenpoy et Elisabeth Goossens par ailleurs parents de Zeger Pipenpoy qui avait épousé Jeanne van Cutsem, ancêtres de S.M. le Roi Philippe,
Cette Jeanne (Pipenpoy ?) serait-elle la mère de Maerten t’Kint qui aurait épousé, à Bruges, le 19.01.1628, Clara Brulé ? Le nom de cette dernière n’est pas cité
ni par Baudouin Walckiers dans son article : « Généalogie du 1° livre de raison de la famille t’Kint » paru dans « Les lignages de Bruxelles » n° 153, 2004, p.59
ni par Félix-Victor Goethals, dans son livre « Miroir des Notabilités Nobiliaires de Belgique » Tome 1, 1857, page 249
Dans les Lignages de Bruxelles, n° 174/175, 2015, p.66, Jeanne Pipenpoy, fille du couple Jan Pipenpoy et Elisabeth Goossens est dite avoir eu deux époux : Merck Moenens et, en 1602, Hendrick van Cutsem (mais aucune preuve de ces deux mariages n’est donnée). Aurait-elle donc épousé Pieter t’Kint ?
L’annuaire de 1855 (p.155) et Félix-Victor Goethals, dans le livre « Miroir des Notabilités Nobiliaires de Belgique », ne donnent pas le nom de l’époux de Maerten t’Kint, ni le nom de leur fille Suzanne t’Kint, qui aurait épousé, en 1699, Joos (Josse) van Outryve.
Une fois que l’on aura donné les réponses aux questions posées ci-dessus, on pourra certifier la filiation donnée par Léo Lindemans.
Aujourd’hui
C’est en 1961 que diverses personnes, désireuses de commémorer les sept lignages, fondèrent l’Association des Descendants des Lignages de Bruxelles, aujourd’hui association royale. Destinée notamment à soutenir toute initiative visant l’illustration de Bruxelles et de ses environs, cette association veille à faciliter aux membres effectifs et à leurs enfants l’obtention des bourses d’études réservées aux descendants des lignages de Bruxelles ou à en créer de nouvelles à leur profit.
Parmi les fondateurs, on comptait l’abbé Desmet, président fondateur, le comte Thierry de Limburg Stirum, le vicomte (Charles) Terlinden, le comte (Henri) t’Kint de Roodenbeke, M. Maurice Braun de ter Meeren et le docteur Spelkens de même que M. Henry-Charles van Parys, qui fut longtemps référendaire. Nombre de filiations nouvelles furent trouvées grâce aux patientes recherches de M. François Schoonjans dit de Coudenberg.
Un travail conséquent fut ensuite réalisé par la Commission des preuves, sous la houlette de M. Baudouin Walckiers, référendaire honoraire, tâche reprise par M. Christophe Defossa.
L’Association des Descendants des Lignages de Bruxelles, présidé par le Comte Jean-Charles de T’Serclaes, publie un périodique « Les lignages de Bruxelles - De Brusselse geslachten » et organise diverses activités (conférences, visites d’expositions). Elle entretient également d’excellents contacts avec la Société royale « Ommegang Oppidi Bruxellensis » qui organise chaque année le célèbre Ommegang sur la Grand-Place de Bruxelles.
Il est également déjà prouvé que Jan Pipenpoy (1540 - 1615), reçu au lignage t’Serhuyghs, descend, par ascendance, des quatre autres lignages c.-à-d. Coudenbergh, Sleeus, t’Serroelofs et Roodenbeke.
Pour les 6 des 7 lignages, les dossiers anciens des admissions dans les lignages de Bruxelles ont déjà donné lieu à des publications. Toutefois, pour le lignage Roodenbeke, les documents anciens n’ont pas été publiés. Le Conseil d’administration des lignages a décidé d’en confier la rédaction à M. Jan Caluwaerts. Contact a été pris avec lui pour essayer de trouver une réponse aux questions posées.
Pour terminer, je souhaite faire un appel à toutes celles et ceux qui auraient des informations utiles pour répondre aux questions posées dans cet article. Je serais ravi d’en prendre connaissance à l’adresse courriel
Références
(1) Eric Meuwissen : Licencié en histoire et journalisme (ULB), ancien journaliste au journal quotidien « Le Soir » et auteur de différentes études sur la grande propriété foncière du Brabant, notamment « Les grandes fortunes du Brabant », 1994
(2) François de Cacamp : de son vrai nom, Louis, Auguste, Joseph de Caquant, généalogiste spécialisé dans l’histoire des familles de Belgique, principalement de Bruxelles. Dans les recueils de la collection Brabantica, dont il était l'éditeur et le créateur (Editions du Genealogicum Belgicum), il a publié les généalogies des familles inscrites aux Lignages de Bruxelles en 1376.
(3) Au centre, Rosace des Sept Lignages de Bruxelles, gravée dans le livre de Puteanus, Bruxella Septenaria, 1656
(4) Christophe Defossa : Licencié en histoire, agrégé de l'enseignement secondaire supérieur, Ancien président du Conseil d'héraldique et de vexillologie de la Communauté française, Administrateur et Référendaire de l’association Royale des descendants des lignages de Bruxelles, Directeur du recueil de l’Office Généalogique et Héraldique de Belgique, Membre du Conseil de la Noblesse.
(5) Les lignages de Bruxelles, n° 174-175/2015, p23, 33 (Lignage t’Serhuyghs) 48,63, 64, 65, 243, 247 et 251 (Lignage Roodenbeke)
(6) Repris en orange clair dans le tableau
(7) D’après le 1ier livre de raison (archives du château d’Ooidonck, n° 25/1), Pieter t’Kint aurait épousé une certaine Joanna sans citer le nom de famille ce qui n’est pas conforme avec ce qui est écrit dans l’Annuaire de 1855 (p. 155) qui cite le nom de famille Pipenpoy.
(8) Ce double mariage n’a pas été prouvé lors de la candidature de ces deux filiations aux lignages de Bruxelles.
Bibliographie
- Association Royale des descendants des Lignages de Bruxelles, Galerie du Roi 5, 1000 Bruxelles (www.lignagesdebruxelles.be)
- Stamboom Pipenpoy - Guido Bursens (pipenpoy.blogspot.be)
- Registratie dossier voor Z.M. Koning Filip I van België, gereistreerd als meisenier, op 25/12/2015, onder n° MSR 025
- De Oost- en West-Vlaamse voorouders van Koningin Mathilde, Aanzet tot een vooroudersgeschiedenis, (e-book), Geert Tavernier, Brugge, 2015
- Miroir des Notabilités Nobiliaires de Belgique, Félix-Victor Goethals, Tome 1, 1857, pages 248-249
- Généalogie de la Famille Pipenpoy, Joseph van den Leenen, 1805
- La Belgique Héraldique : Recueil historique, chronologique, généalogique et biographie complète de toutes les maisons nobles reconnues de la Belgique, Charles Emmanuel Joseph Poplimont, 1863-1867
- Familie van (H)outryve, proeve tot historische en genealogische studie, André Vanhoutryve, 1985
- De Kwartierstaat van Mathilde d’Udekem d’Acoz, ‘t Stamboompje, 28ste jaargang, n° 1, 1/1/2000
- Etat Présent de la Noblesse Belge : t’Kint (1855), van Outryve d’Ydewalle (1966, 1979, 1995) et d’Udekem d’Acoz (1982)
- Le théatre de la noblesse du Brabant, représentant les érections des terres, seigneuries, & noms des personnes, & des familles titrées, les créations des chevaleries, & octroys des marques d'honneurs & de noblesse, J.F. Broncaert, 1705
- Tableau d’ascendance de la maison Royale Belge, livre troisième : d’Udekem d’Acoz, Léo Lindemans, 2002
- Tableau d’ascendance de la maison Royale Belge, livre deuxième : Ruffo di Calabria, Léo Lindemans, 1999
- Manuscrit de Roovere, Recueil X des tablettes du Brabant, Bibliothèque Royale de Belgique, p 187, Lignage t’Serhuyghs, familles Pipenpoy - t’Kint
- Généalogie du 1er livre de raison de la famille t’Kint, paru sous « Les lignages de Bruxelles » n° 153, 2004, p.59
- Les lignages de Bruxelles, n° 174/175, 2015,
Remerciements
Je tiens tout particulièrement à remercier bien vivement M. Pierre de Grand Ry et le Chev. Bernard van Outryve d’Ydewalle pour leur éclairage et expertise.
Il est près de huit heures du matin, ce 25 mai 1915. Une voiture s’arrête devant le château de Lakebos à Ruddervoorde, non loin de Bruges, où résident Henri d’Udekem d'Acoz et son épouse, née Cécile van Outryve d’Ydewalle. Les occupants, deux officiers allemands que les châtelains connaissent bien, demandent à Henri de les accompagner jusqu’à la Kommandantur de Tielt.
On ne reverra plus jamais Henri d’Udekem vivant.
Si les commémorations du conflit mondial de 14-18 évoquent principalement des faits de guerre, d'autres événements tragiques, vécus par la société civile mais liés à cette période, se rappellent également à notre souvenir.
"Un sombre assassinat dans la famille", titre non sans quelques détails croustillants une revue people en couverture de la joyeuse entrée à Bruges, le 25 octobre 1999, du prince Philippe et de sa ravissante fiancée. Dans un registre nettement plus professionnel, à l'occasion du reportage télévisé de la RTBF, le professeur Francis Balace s'emploie quant à lui à retracer l'historique d'une piste allemande ...
Octobre 1914, des éléments de la Kaiserliche Garde, sous le commandement du prince Guillaume zu Wied, occupent la région. Plusieurs officiers d'Etat-Major prennent leurs quartiers dans les châteaux des environs. Le prince zu Wied s'invite chez Marie Lippens au château de Bulskampveld à Beernem. Le 19 décembre 1914, cinq officiers s'installent au château de Lakebos à Ruddervoorde chez Henri d'Udekem d'Acoz.
Deux noms vont retenir notre attention. Le baron Rickholt von Gagern, Rittmeister (chef d'escadron) à la Division de la Cavalerie de la Garde et son ami le prince Johan zu Stolberg-Rossla, lieutenant dans cette même Division. "Gagern, un beau et grand jeune homme de 27 ans, moustache crollée, galant et extrêmement prévenant ; Stolberg, 25 ans, aspect chétif et d'apparence maladive", tels sont les souvenirs d'une jeune lingère employée à l'époque au château.
HENRI ET CÉCILE d'UDEKEM, UN COUPLE SANS HISTOIRE ?
D'un naturel paisible, amoureux de la nature, Henri d'Udekem entretient une impressionnante collection de papillons et quelques ruches dans le parc du château. "Il n'aurait pas fait de mal à une mouche, on l'avait d'ailleurs surnommé le "philosophe", précise un membre de sa famille.
Ménage sans enfant, Henri et Cécile ne sont pas très mondains mais reçoivent de temps à autre amis et connaissances du voisinage. Parmi ceux-ci, le chevalier Etienne de Vrière (1857-1936), bourgmestre de Beernem. Qualifié "d'autocrate tout-puissant et autoritaire", il est le futur deus ex machina de l'histoire inachevée autour d'une série de disparitions mystérieuses que la vox populi locale baptisera bientôt "De Moorden van Beernem".
Revenons à octobre 1914. Les relations entre les châtelains de Lakebos et les officiers allemands, au comportement fort correct, sont bonnes voire amicales. Mais bientôt un flirt s'installe entre la séduisante châtelaine et le baron Rickholt von Gagern qu'elle surnomme affectueusement "Ricki", par allusion à son prénom. Prestige de l'uniforme ?
"Elle n'avait pas l'héroïsme de la jeune fille dans "Le Silence de la Mer" de Vercors", observe dans une revue familiale précédente José Kervyn, descendant d'Etienne de Vrière et esprit cultivé s'il en est. "Elle aura été à tout le moins très imprudente", conclut fort à propos l'un de ses arrière-petits-neveux. Ne chuchotait-on pas, sans la moindre preuve d'ailleurs, qu'elle aurait déjà eu une aventure avec un officier allemand résidant dans un autre château de la famille d'Ydewalle à Ruddervoorde ?
Le 25 mars 1915, les officiers d'Etat-Major doivent quitter le château de Lakebos, certaines de leurs unités étant appelées sur le front russe. Après un dîner d'adieu la veille au soir, Gagern prend la direction d'Hasselt alors que son ami Stolberg séjourne encore un mois auprès du prince zu Wied chez les Lippens. Ensuite, on les perd de vue. Auront-ils réellement quitté la Belgique ?
Tenter de tracer objectivement la suite des événements est un exercice délicat. Un équilibre entre différents témoignages parfois contradictoires, relation de faits oscillant entre le vrai, le probable ou le fantaisiste ...
UN ASSASSINAT PRÉMÉDITÉ ?
A l'aube du 25 mai 1915, une voiture se présente à l'entrée du château de Lakebos. Deux hommes portant l'uniforme allemand sous une cape grise, conduits par un chauffeur. Ils pressent le châtelain de les suivre jusqu'à la Kommandantur de Tielt. Comme Henri d'Udekem s'est plaint aux autorités allemandes suite à des coupes sauvages de bois dans sa propriété, on désire l'entendre à ce sujet.
La voiture quitte le château mais ne prend pas la direction de Tielt. Elle s'arrête à la hauteur des bois de Marie Lippens au Bulskampveld. Les deux officiers font sortir le châtelain et les trois hommes disparaissent dans les bois. Dix minutes plus tard, le chauffeur entend une double détonation puis voit revenir les officiers seuls. L'un d'eux tient encore un révolver en main. La voiture prend la direction d'Hasselt. Arrivés à destination, ils font jurer au chauffeur de garder le secret le plus absolu sur ce qu'il a vu et entendu, ce que bien sûr il ne fera pas par la suite.
Au cours de la journée, l'inquiétude s'installe au château car Henri n'est toujours pas rentré. Un ami de la famille se rend à la Kommandantur de Tielt où on l'assure de n'être au courant de rien. Les semaines passent, la disparition du châtelain est un mystère.
Deux mois plus tard, le 28 août 1915, un nouveau fait jette le trouble au sein de la population de Beernem. Camiel Dierickx, le fidèle garde-chasse de Marie Lippens, disparaît à son tour sans laisser de trace. L'autorité allemande y voit une excellente occasion de faire dévier les soupçons de la disparition du châtelain de Lakebos sur le garde-chasse. Des avis sont placardés avec la promesse d'une récompense de 5.000 marks à qui le retrouvera, insinuant qu'il pourrait être l'auteur d'un grave méfait.
Le 2 septembre 1915, coup de théâtre. Deux élagueurs sont au travail dans les bois de Bulskampveld. A un moment donné, ils aperçoivent une main en décomposition, émergeant des feuilles mortes. En hâte, on avertit le bourgmestre Etienne de Vrière. Celui-ci signale la découverte au parquet de Bruges qui se rend sur les lieux. Le corps est déterré. A la main gauche, un doigt porte une alliance avec l'inscription "Cécile à Henri, unis le 19 février 1903". Sur un mouchoir, on lit les initiales "H.d'U.d'A.". On constate que le malheureux a été abattu de deux balles dans le dos et qu'il aurait été enterré vivant car il a de la terre dans la bouche. A en juger par la position de la main droite sortant du sol, il aurait tenté en vain de se redresser.
Au sein de la population de Beernem, rurale et en partie illettrée, l'inquiétude et la peur se répandent. En chaire, le dimanche, le curé demande que l'on prie pour l'âme du châtelain assassiné. A la sortie de la messe, les bavardages et commentaires vont bon train. Qui a bien pu commettre un tel acte ? Le doute s'installe, les imaginations s'enflamment.
"OFFICIERS BOCHES" ASSASSINS ...
Très vite, un journal belge publié en Hollande parle d'un assassinat perpétré par un officier allemand. L'honneur de leur armée étant mis en cause, les autorités allemandes décident de prendre les choses en main. Soupçonnée à tort d'avoir fait supprimer son mari, Cécile d'Udekem est emprisonnée durant quelques semaines puis relâchée, faute d'indices. On la dit effondrée.
Fritz Geissler, un sous-officier allemand responsable des affaires d'instruction criminelle, mène son enquête. Parlant couramment le flamand, déguisé en marchand de carbure, il se mêle à la population. Selon les témoignages récoltés auprès du voisinage ainsi que du personnel du château, il apprend que ce sont bien les deux officiers, Gagern et Stolberg, qui ont enlevé le châtelain. Il est rapidement établi que les deux hommes sont les meurtriers d'Henri d'Udekem. Paradoxalement, Geissler ne reçoit que quelques vagues félicitations de la part de ses supérieurs. Sans doute lui en veut-on d'avoir, bien malgré lui, compromis l'honneur de la Cavalerie de la Garde Impériale. Il est renvoyé en Allemagne sans la récompense promise.
Des journaux s'emparent de l'affaire. "Les Allemands font le silence sur leur crime", dénonce "Le Matin de Paris", le 25 septembre 1915. "Le baron (sic) a été lâchement assassiné par des officiers allemands. L'autorité allemande a pris, pour entourer cette affaire de mystère, des mesures qui achèvent de prouver qu'il s'agit bien là d'un crime prussien" !
"Officiers boches assassins" titre de Nancy, le 29 août 1916, le "Journal de la Meurthe et des Vosges". "On se rappelle que l'an dernier, un châtelain des environs de Bruxelles (sic), M. d'Udekem d'Acoz fut trouvé assassiné dans son parc. C'étaient le prince de Stolberg et le comte Gagern, officiers allemands, qui l'avaient tué parce qu'il avait voulu s'opposer à diverses reprises aux déprédations et aux vols commis chez lui par les officiers allemands ...". Une version très éloignée des faits.
Le procès des officiers meurtriers se tiendra à huit clos en 1917, au Palais de Justice de Bruxelles, en présence d'un envoyé de l'empereur d'Allemagne ainsi que de nombreux conseillers auprès de la justice militaire. Assistent également en tant qu'observateurs le bourgmestre Etienne de Vrière ainsi que le frère de la victime, Maximilien d'Udekem d'Acoz, arrière-grand-père de Mathilde d'Udekem, notre nouvelle Reine.
La décision des juges est sans appel : le crime est évident. Il a été froidement prémédité et exécuté avec un cynisme révoltant. Rickholt von Gagern aurait provoqué son rival en duel et ce dernier aurait refusé de se battre. Perdant la tête, Gagern aurait froidement abattu le châtelain. Pour quelle raison ? Tombé follement amoureux de Cécile d'Udekem, il aurait voulu l'épouser après la guerre mais pour cela il fallait éliminer le mari. Les deux hommes sont condamnés, Gagern en tant qu'instigateur à quinze années de travaux forcés, Stolberg en tant que comparse à six mois d'emprisonnement. Mais, sur injonction de l'empereur Guillaume II, le gouverneur général de Belgique ordonne une réduction des peines prononcées.
Quatre ans après la fin de la guerre, la justice belge décide de prendre l'affaire en main. Les 27 et 28 juillet 1922, la Cour d'Assises de Flandre Occidentale, présidée par Pierre Kervyn de Marcke ten Driessche, juge le baron von Gagern et le prince zu Stolberg-Rossla coupables de meurtre sur le châtelain de Lakebos. Les deux hommes sont condamnés par contumace à être fusillés en public à Bruges. Mais il ne vient à personne l'idée de retrouver les condamnés dont l'un, le prince Stolberg, est déjà décédé depuis deux ans !
Le "New York Times" du 14 août 1922 rappelle les faits : "Prince Stolberg and a fellow-officer of German cavalry, Baron von Gagern, were convicted in Brussels by a Prussian court-martial of the murder of Baron (sic) d'Udekem d'Acoz, a Belgian noble, who had several German officers, whom he treated with the utmost hospitality and courtesy, quartered upon him at his country seat near Bruges. Prince Stolberg belongs to an ancient mediatized family related to most of the former ruling houses of Germany". En Australie, le journal "Western Argus" s'indigne dans son édition du 2 janvier 1923 : "The German account of the crime for which Baron Nikoli von Gagern and Prince zu Stolberg have been condemned to death by a Belgian Court is published in Berlin. It is one of the most hideous tales of the war ...".
Apparemment, les désordres politiques dans l'Allemagne vaincue auront permis au baron von Gagern de retrouver la liberté : "An investigation will be made of the release of Baron von Gagern from prison when in November 1918, the People's Commisionners ordered a general amnesty. This amnesty, it is now declared, did not apply to von Gagern's case, and the monarcist official who set him free will probably be prosecuted."
A lire la suite rocambolesque que connaît encore aujourd'hui l'histoire de ce sombre assassinat, une évidence s'impose. Elle est sans équivoque. La condamnation par la justice allemande de deux officiers allemands, auteurs d'un crime passionnel commis en temps de guerre, nous semble être une preuve suffisante de leur culpabilité. De plus, la réduction de peines ordonnée par l'empereur, sans doute à cause de la notoriété des familles concernées, et non l'annulation pure et simple, ne serait-elle pas un argument supplémentaire ? D'une part, une notoriété appartenant à l'histoire : Gagern, dont le grand-père Wilhelm Heinrich August (†1880) est considéré comme le père de l'unité allemande ; Stolberg, famille illustre aux multiples branches, médiatisée s'il en est. Mais d'autre part, une réputation lourdement ternie par la gravité des faits.
POUR LA VOX POPULI DE BEERNEM, LA VÉRITÉ EST AILLEURS ...
"Le procès des officiers allemands en 1917 n'a jamais eu lieu !" déclare haut et fort un ancien inspecteur de l'Enseignement à la retraite, Alfons Ryserhove. Originaire de la région, l'homme aura passé plus de cinquante ans de sa vie à prétendre qu'il détenait LA vérité sur l'assassinat d'Henri d'Udekem d'Acoz, un crime lié selon lui à une série d'autres disparitions, la plupart toutes aussi mystérieuses, s'échelonnant jusqu'en 1944.
Trois ouvrages de vulgarisation sur le sujet et plus de 650 conférences dans les deux Flandres. La théorie de Ryserhove repose sur un principe simple : il y a un lien entre les différents assassinats. Ce lien, c'est le tout-puissant sénateur-bourgmestre Etienne de Vrière qui régnait sur Beernem en "Roi Soleil". Ce dernier était assisté par un clan, représenté par les membres omniprésents de la famille Hoste à son service. Ils étaient intendant des domaines, garde-chasse, secrétaire personnel, instituteur ou secrétaire communal. Les Hoste exploitaient également divers magasins : charbon, produits laitiers, brasserie, assurances, etc. La population de Beernem craignait la famille Hoste car celle-ci "régnait par la grâce du seigneur ..."
Alfons Ryserhove réussira à captiver son public à l'aide de thèmes dignes du Grand Soir : lutte entre l'aristocratie dominante et les forces démocratiques naissantes ; collusion entre Noblesse, Eglise, Magistrature et Parquet afin d'étouffer ces horribles affaires, etc., etc.
L'assassinat d'Henri d'Udekem d'Acoz est incontestablement un crime passionnel. Alors que les véritables auteurs auront été démasqués, jugés et condamnés, on peut comprendre que ce qualificatif soit propre à enflammer l'imagination populaire et à faire naître des rumeurs de toutes sortes, très éloignées de la réalité des faits. Les moyens d'information étant peu répandus à l'époque, les campagnes brugeoises de l'entre-deux-guerres ne connaissaient pratiquement rien de l'actualité sauf les histoires, les on-dit et les racontars de bistrots ...
DE 1915 À 1944, UNE SÉRIE DE DISPARITIONS MYSTÉRIEUSES.
Ainsi, ne serait-ce pas Etienne de Vrière qui aurait fait éliminer le châtelain de Lakebos parce qu'il avait une (prétendue) relation particulière avec l'épouse de celui-ci ? La preuve : n'avait-il pas signé le procès-verbal d'exhumation en mentionnant "cadavre inconnu" ? Il aurait fait croire qu'il ne reconnaissait pas le cadavre ? "Mauvaise foi de journalistes !", souligne le professeur Francis Balace, "un bourgmestre doit se limiter à cette mention. C'est le Parquet qui doit établir l'identité et faire effectuer l'autopsie."
Le garde-chasse Camiel Dierickx, disparu le 28 août 1915 et dont le corps ne sera jamais retrouvé, avait-il par hasard assisté au meurtre d'Henri d'Udekem ? En confiant ses soupçons à Marie Lippens qui à son tour en aurait informé le bourgmestre, serait-il devenu un témoin gênant ?
La nuit du 15 au 16 mai 1921, un certain René De Baene, ivrogne notoire, meurt dans de curieuses circonstances. Il s'agirait d'un accident dû à l'ivresse. L'affaire est classée mais la rumeur court. N'avait-il pas trop parlé ? Il devait savoir quelque chose sur les deux meurtres précédents. Et bizarrement, quelque temps plus tard, on ne retrouve plus sa sépulture au cimetière communal. N'y a-t-il pas qu'un bourgmestre qui puisse faire ôter une tombe ?
Le 7 novembre 1926 disparaît Hector De Zutter. Il avait passé la soirée à la kermesse en compagnie d'amis dont Hector Hoste, le garde-chasse d'Etienne de Vrière, avait qui il aurait eu une querelle. Lui aussi avait prétendu savoir pourquoi le garde-chasse Dierickx avait été tué. Son corps sera retrouvé dans le canal. Le parquet de Bruges conclut à un suicide pour cause de dépit amoureux.
L'affaire est classée mais la mère de Hector De Zutter ne croit pas au suicide et fait appel. L'éditeur d'un journal de Maldegem, Victor De Lille, lui offre son appui et se lance dans une virulente campagne de presse : "Une honte ! L'aristocratie locale ainsi que le Parquet de Bruges, présidé par le propre gendre du bourgmestre de Beernem, cherchent à étouffer cette affaire." Un fonds de soutien est créé pour aider la mère De Zutter à supporter les frais de procédure. On implore également le Ciel en organisant un grand pèlerinage populaire en l'honneur de Saint Antoine de Padoue afin qu'il aide à retrouver le ou les coupables !
Et c'est en chansons que le folklore local va s'inviter dans l'offensive médiatique lancée par Victor De Lille. Lionel Bauwens, alias "Tambour", un chanteur-conteur populaire portant bien son nom, attire à l'époque foules et badauds sur les places d'église par son talent à illustrer en chansons et en musique les actualités du moment. Le dimanche, il arrive parfois au curé de raccourcir son prêche pour permettre aux fidèles d'aller entendre les nouvelles de "Tambour" à la sortie de la messe ! Prenant la défense du faible et de l'opprimé, ses chansons sur l'affaire De Zutter connaissent un énorme succès. Mais il n'est pas certain que la vérité ait toujours eu son mot à dire par la bouche d'un phénomène de kermesse.
Sous l'influence de l'opinion publique, une enquête approfondie est menée. Les auteurs probables sont identifiés. Il s'agirait de deux hommes, deux beaux-frères, dont Hector Hoste, garde-chasse du bourgmestre de Beernem. Tout d'abord emprisonnés, ils sont rapidement remis en liberté sous caution par décision du Parquet de Bruges, présidé par le gendre d'Etienne de Vrière. Les deux inculpés n'étant financièrement pas en mesure de la payer, elle est versée par une tierce personne. On devine de qui il s'agit.
Renvoyés en prison, les deux hommes sont finalement condamnés, malgré leurs vigoureuses protestations d'innocence, à vingt ans d'emprisonnement par la Cour d'Assises d'Anvers, le 19 juillet 1929. Pourquoi la Cour d'Assises d'Anvers ? Les autorités craignaient des émeutes à Bruges ou à Gand, trop proches de Beernem ! Cette condamnation est un sérieux contretemps pour Etienne de Vrière. En effet, durant toute la durée du procès, il avait prit fait et cause pour son protégé. "Normal, rétorque Alfons Ryserhove, puisque Hector Hoste était son fils-bâtard !" Ne cessant jamais de protester de leur innocence, les deux hommes retrouveront assez rapidement la liberté. Et Ryserhove d'affirmer : "en leur promettant sa protection, toutefois sans y parvenir, Etienne de Vrière les aurait fait jurer le silence absolu sur le meurtre d'Hector De Zutter". Et de conclure : "Ils auront donc été condamnés pour ne pas avoir parlé !..."
La série n'est pas close. Un dénommé Ernest Van Poucke qui pensait savoir quelque chose sur la disparition d'Hector De Zutter, se noie la nuit du 9 mai 1927 dans le canal, après avoir ingurgité un dernier verre dans une auberge.
Le 14 juin 1944, peu avant la fin de la dernière guerre, le secrétaire communal de Beernem, Omer Van Haecke, est brutalement arraché de son domicile et abattu dans les bois, sans doute par des partisans déguisés en soldats allemands. Une affaire jamais éclaircie, sauf que l'homme était le gendre de Theofiel Hoste, le secrétaire personnel d'Etienne de Vrière, décédé quant à lui depuis huit ans. Cherchez l'erreur.
LE CHEVALIER ETIENNE de VRIÈRE, LE TOUT-PUISSANT BOURGMESTRE DE BEERNEM.
Plus de nonante ans après sa mort, la figure d'Etienne de Vrière est toujours bien présente dans l'imagination populaire de Beernem. "Aujourd'hui, déclare Ciné-Télé-Revue (qui n'est pas vraiment une référence en la matière !), il ne semble pas exclu que le baron (sic) Henri ait été assassiné sur ordre d'Etienne de Vrière qui se trouve être, énigme supplémentaire, un bâtard du roi Léopold II par sa mère Léonide Mulle de Terschueren".
Cette dernière énigme apparaissant par épisodes comme le monstre du Loch Ness. Vrai ragot ? Fausse rumeur ? Même si les dates concordent, l'histoire ne reste qu'une rumeur. "Bavardages de cafés de village", admet Alfons Ryserhove tout en continuant sur ses grandes envolées littéraires ...
Le père naturel d'Etienne de Vrière, entendez le Roi Léopold II, envoie le jeune homme faire son apprentissage de la vie au Congo. Chargé de diriger une plantation de caoutchouc, Etienne fait preuve d'un grand sens de l'autorité : hommes, femmes ou enfants qui ne respectent pas la cadence ont les mains coupées (refrain connu) !
Devenu bourgmestre de Beernem, quoi de plus normal que de diriger sa commune comme s'il régnait en potentat colonial sur un village de "nègres" ? Et comme bien sûr il aura "hérité de la libido de son père", il est un grand coureur de filles de paysan et/ou de filles de cuisine. Celles-ci mettront au monde nombre de bébés-bâtards. Certains morts-nés seront même retrouvés dans une tour de son château de Bloemendaele, enveloppés dans un linge à ses initiales (sic).
Un homme aimant les femmes ? "Certainement puisqu'il s'est marié trois fois", glisse Ryserhove, tout en omettant de préciser qu'il aura été deux fois veuf pendant un certain moment avant de se remarier une troisième fois avec une dame qui lui survivra une douzaine d'années.
Toujours selon Ryserhove, on le connaît pour ses mariages "à vingt francs". Une somme importante pour l'époque que recevait la jeune fille enceinte de ses oeuvres et qu'il mariait d'office à l'un de ses jeunes paysans administrés. Il peuple ainsi la région d'une série de bâtards qu'il place ensuite à des postes-clés dans son administration !
Le bourgmestre de Beernem ne sera bien évidemment jamais inquiété. Il pouvait faire exécuter tous ces meurtres parce qu'étant le (soit-disant) fils bâtard du roi Léopold II, il jouissait de la haute protection de la Cour de Belgique (sic). Et n'était-il pas au-dessus des lois ? Son propre gendre, Pierre Kervyn de Marcke ten Driessche, président du Tribunal de Bruges, étouffait les affaires du beau-père. Qui donc aurait osé déposer plainte contre un personnage aussi puissant ?
La vérité n'a-t-elle pas aussi ses droits ? "Qu'Etienne de Vrière ait eu quelque chose à voir, directement ou indirectement, avec les événements n'a jamais été démontré," reconnaît-on quand même dans certains journaux flandriens, "d'autant plus que toutes ces affaires ont été traitées et jugées définitivement aux Assises en 1929". Différents témoignages, recueillis tant auprès des descendants d'Etienne de Vrière qu'au sein de la famille d'Udekem, soulignent l'aspect fantaisiste des rumeurs répandues par Alfons Ryserhove. Une relation amoureuse avec le bourgmestre de Beernem ? "Totalement impossible de sa part !", affirment ceux qui ont bien connu Cécile.
Ajoutons que les trois filles uniques d'Etienne de Vrière, nées de son premier mariage, n'ont visiblement pas hérité des gènes faussement attribués à leur père. En effet, outre celle qui fut l'épouse du président du Tribunal de Bruges, la seconde aura été une digne aïeule dont l'idéal de vie était de "gagner le Paradis par une vie de sacrifices et de dévouement envers son mari et ses enfants ...", à lire les Souvenirs qu'elle a laissés. La troisième fille, supérieure d'un couvent de Carmélites à Ypres, doit être sans aucun doute aujourd'hui une bienheureuse au Ciel. Et rappelons qu'un des deux gendres d'Etienne de Vrière, André van Outryve d'Ydewalle, ensuite Hubert, le fils aîné de ce dernier, ont également été, chacun à leur tour, bourgmestre de Beernem en laissant le souvenir d'une parfaite honorabilité !
"DE BOSSEN VAN VLAANDEREN", UNE SÉRIE TÉLÉVISÉE À SUCCÈS.
Les travaux de Ryserhove seront à la base d'une série télévisée qui connut son heure de gloire à la BRT en 1991 : "De Bossen van Vlaanderen", Top 10 des audiences en Flandres, dépassant largement celles de la chaîne commerciale concurrente.
Leitmotiv de ce reality-show avant la lettre ? La lutte des classes contre un féodalisme anachronique dont Etienne de Vrière fut un éminent représentant. Une recette infaillible - passion, sexe et crimes - attirant la masse habituelle de spectateurs friands des heurs et malheurs de la Haute. A tel point que même Ryserhove estima que la télévision avait exagérément romancé la chose, modifiant ainsi sensiblement l'esprit de ses travaux qui eux-mêmes sont en grande partie basés sur des on-dit et des rumeurs de bistrots !
Les noms, certains lieux et des faits sont modifiés mais les suspicions et les accusations déguisées restent les mêmes. En effet, selon les propres dires du réalisateur, la BRT redoutait des procès en diffamation tant de la part de la Cour de Belgique (sic) que de certaines familles de l'aristocratie. Par contre, il y a encore aujourd'hui dans la population de Beernem des descendants des familles touchées par les disparitions qui suivirent l'assassinat d'Henri d'Udekem. On comprend que remuer de vieux secrets de famille parmi tout ce petit monde peut réveiller de vieilles rancoeurs.
LES MEURTRES DE BEERNEM, UNE ATTRACTION TOURISTIQUE !
Léguant sa vérité historique à sa descendance, Alfons Ryserhove décède en 1997. Sa fille Katrien reprend le flambeau en publiant une synthèse des ouvrages de son père sans rien y apporter de neuf. Et comme on peut broder à l'infini sur les tenants et aboutissants de ces mystérieux meurtres, ce genre d'histoires s'avère être une affaire rentable. Exposés avec film, facturés à 200€ la séance. Ballades à vélo moyennant rétribution, ponctuées de haltes (boissons offertes) sur les lieux des crimes, explications sur les disparitions, les circonstances et surtout sur les auteurs. "L'auteur", faut-il le préciser ?
Pour les sociétés, organisation de séminaires en teambuilding au moyen de "jeux de meurtres" tournant autour des faits les plus saillants des "Moorden van Beernem". Même le pique-nique au champagne est prévu. Et pour les plus branchés, randonnées en mode géocaching avec GPS. Au départ du site Web "The Murders of Beernem", jeux de divertissement dans lesquels sont indiquées les coordonnées correspondantes aux caches (lieux des crimes) sur le terrain, avec récompenses et surprises à la clé.
Aujourd'hui, l'histoire inachevée autour des meurtres de Beernem représente pour la commune une attraction touristique d'importance. Par ailleurs, avec le vol du panneau des "Juges Intègres" de "l'Agneau Mystique" à Gand, ne dit-on pas que c'est l'un des deux grands mystères non élucidés dans les Flandres ?
LE MOT DE LA FIN ?
Une ambiance assez particulière règne à Beernem durant la guerre 14-18. Contrebande, petits trafics et corruption sont monnaie courante au sein d'une population essentiellement rurale. C'est à l'administration communale que revient l'obligation de régler les réquisitions de bétail imposées par les Allemands. Moyennant dons en nature et dessous de table, des passe-droits s'installent. Certains paysans fortunés sont exemptés au détriment de plus pauvres. Inévitablement, des conflits surgissent entre les familles.
"Durant la guerre, il y avait un abattoir clandestin dans les bois de Madame Lippens au Bulskampveld. Celle-ci n'était pas au courant. Très souvent la nuit, des animaux de ferme y étaient abattus et revendus en contrebande", déclare en 1931 un garde-chasse adjoint de Buskampveld.
Et d'ajouter que vraisemblablement le garde-chasse Camiel Dierickx serait tombé par hasard sur ce trafic nocturne. Pris pour un Allemand, il se serait fait tirer dessus. Gravement blessé, on l'aurait achevé et enterré. Mais des témoins de la scène risquaient de parler. Et par un cruel jeu de dominos, de suspicion en délation, la mort de l'un aurait entraîné la mort de l'autre. Serait-ce là une explication rationnelle à cette sombre histoire de meurtres successifs, sans aucun lien avec l'assassinat d'Henri d'Udekem, si ce n'est la proximité des lieux et de certains noms ?
Ragots, rumeurs et contre-vérités ... "Il n'y a rien de pire qu'une vérité qui ne soit pas vraie !", a écrit un auteur russe. Dans les bois du château de Bulskampveld, une stèle rappelle l'endroit où le corps du châtelain de Lakebos a été retrouvé : "Souvenez-vous de Henri d'Udekem d'Acoz, décédé le 25 mai 1915". Il y a aujourd'hui plus de cent ans que le drame a eu lieu. Alors que les acteurs de cette histoire inachevée ne sont plus de ce monde, la vox populi n'a eu de cesse de colporter racontars, affabulations et on-dit, totalement éloignés de la vérité judiciaire.
Gardons quant à nous cette vérité-là en mémoire.
Nicolas van Outryve d'Ydewalle
arrière-petit-fils d'Etienne de Vrière
(1) Wilhelm Friedrich Heinrich Prinz zu Wied (1876 † 1945 Roumanie). Il fut brièvement roi d’Albanie du 21 février au 3 septembre 1914 sous le nom de Vilhelm Vidi.
(2) Née t'Serstevens, veuve d'Auguste-Philippe Lippens décédé en 1904.
(3) Heinrich Franz Hans Gustav Rickholt Freiherr von Gagern (21.01.1887 Worms † 07.05.1950 Vienne).
(4) Johann August Prinz zu Stolberg-Rossla (1889 Rossla + 1920 St. Blasien).
(5) Bourgmestre de sa commune durant trente-cinq ans (1891-1926), il sera également conseiller puis sénateur provincial (1919-1929) de Flandre Occidentale. Accessoirement, aïeul de la branche d'Ydewalle des "Trois Rois" de Beernem.
(6) Egalement gendre d'Etienne de Vrière.
(7) Qu'une série de journaux flamands (dont "Brugs Handelsblad", "Het Volk", "Het Nieuwsblad", "Het Laatste Nieuws", "De Morgen", "De Streekkrant", "Panorama" et quelques autres) se sont empressés de reproduire, sans jamais en vérifier la véracité, à l'occasion de la série télévisée de la BRT "De Bossen van Vlaanderen".
-> Autres articles publiés dans le Bulletin n°27 (octobre 2017): lien
Nous proposons ci-dessous une bibliographie probablement incomplète des principaux écrits de Charles d’Ydewalle, classés en ordre alphabétique
- A bride abattue (Eitions Lesigne, 301p.)
- A manor during two wars (MacMillan, 1949)
- An interlude in Spain (1944)
- Au bon marché
- Baudoin et Fabiola (Plon, 1960)
- Carlo Bronne
- Confession d’un flamand (Pièrre De Méyère, 1967)
- D’Albert 1er à Léopold III (Editions Erel)
- Degrelle ou la triple imposture (Pierre De Méyère, 1968)
- Elisabeth reine des Belges (Flammarion, 1964)
- Enfance en Flandre (1934)
- Floralies gantoises
- Gand, son amie et son visage
- Geôles et bagnes de Franco (Fasquelle, 1946)
- Guillaume II (Pierre De Méyère, 1972, 239p.)
- Hommes et aspects de cette guerre (Les Editions libres, 1945, 183 p.)
- Ici Londres (Librairie Arthème Fayard, 1945, 260p.)
- Jeunesse d’il y a cent ans (1930)
- Journal, mon beau souci (EREL, 1977, 245p.)
- L’abbaye au bout de mon jardin (EREL, 163p.)
- L’avenir de l’Europe (Flammarion)
- L’évangile sous les tropiques
- La bruyère de Saint-André (EREL Editeur, 120p. 1963)
- La Cour et la Ville (Les Editions Libres, 1945,190p.)
- La Société Générale de Belgique
- Le Congo du fétiche à l’uranium (Editions L. Cuypers, 1953, 277p.)
- Le printemps du roi Baudouin (Pierre De Méyère, 1971,226p.)
- Le destin d’Albert 1er (1936)
- Le midi rouge
- Le secret d’Albert Ier (Nouvelle Société d’Editions, 1935)
- Le temps de Léopold III
- Le roman de Knokke-le-Zoute (Editions Erel)
- Liège, son âme et son visage (1939)
- L’Union Minière du Haut-Katanga (Plon, 1960)
- Ma Flandre que voici (Editions Erel, 251 p.)
- Mademoiselle d’Autrefois (Editions du Verseau, Bruxelles)
- Pierre Harmel à l’heure atlantique
- Plaidoyer pour un monde antique (1937)
- Psychologie de Bruxelles
- Psychologie de la Belgique (Liège, 1936)
- Reines ( EREL, 208 p.)
- Sur l’Agora (La Renaissance du Livre, 1931, 205p.)
- Vie du Général Leclerc (Flammarion, 1948, 260p.)
- Vienne et le destin des Habsbourg (1935)
- Vingt ans d’Europe (Flammarion, 1939)
Le parcours professionnel de Charles d'Ydewalle a été retracé dans un essai de Drion du Chapois ('Charles d'Ydewalle', paru chez Pierre De Méyère Editeur, 1978, 64p.).
Chères cousines,
Chers cousins,
Chers parents,
En premier lieu vous y retrouverez un reportage photos couvrant notre récente réunion familiale du mois d’avril.
Quelle joie que de réunir près de 80 membres de notre famille au « Peereboomveld » où Françoise et Géry nous ont accueillis avec un doux soleil printanier.
Après une courte introduction assurée par Stany qui nous proposa un historique des bois avoisinants, deux groupes se sont formés : les uns sont partis à pied pour découvrir ou redécouvrir les environs immédiats, d’autres ont enfourché leur vélo pour traverser des lieux légendaires comme le Valkenbosch, le « Krulleput », Lisbona, La Bruyère, la Chartreuse, Tudor, sans oublier la piscine de la Tante Pépé.
Nous espérons que les photos reprises dans ce bulletin aideront à convaincre ceux d’entre vous qui hésitent à se joindre à nous lors d’une de nos prochaines réunions.
Un tout grand merci non seulement à Françoise et Géry, mais également aux membres de votre conseil d’administration qui se sont occupés de l’organisation, et évidemment à vous qui étiez présents. Ce fut super chouette de vous y retrouver !
Comme d’habitude nous avons conçu ce bulletin en réalisant un doux mélange au départ d’articles – souvent inédits – relatant ce que nos aïeux et autres proches ont vécu dans le passé, mais également de témoignages de membres de notre famille encore pleinement actifs.
Nous espérons que vous prendrez plaisir à découvrir ces récits d’autrefois de même que les témoignages concernant divers engagements actuels de nos membres.
Nous clôturons bien évidemment ce bulletin avec les dernières nouvelles familiales.
Tout semble évident : l’organisation des réunions familiales, la rédaction de votre bulletin, la gestion de notre site web nouvelle mouture, la mise à jour de notre arbre généalogique sur le site HEREDIS. Les membres de votre conseil d’administration s’y attellent avec plaisir car ils savent que nous sommes tous soucieux de cultiver ces précieux liens familiaux.
Le banquier, qui sommeille encore en moi, espère que votre appréciation se traduira par le renouvellement de votre cotisation au début de l’année prochaine.
Pas de soucis : nous vous contacterons début 2018.
Bonne lecture, et à bientôt,
Bertil, Président
Ouvrages publiés par divers membres de la famille van Outryve d'Ydewalle
Ils sont présentés dans l'ordre chronologique de leur date de publication.
Stanislas d'Ydewalle
- Geschiedenis van het 'Veld' (Zuid-Westelijke gedeelte van de Gemeente St. Andries) - Société d'Emulation de Bruges - 1921, 227p.
- De Kartuize Sint-Anna-ter-Woestijne (1350-1792) - De Kinkhoren, Brussel / Desclée de Brouwer, 362p.
- Geschiedenis van de parochie Sint-Andries, Uitgeverij Walleyn, 300p.
- Beschrijving der gemeente St. Andries, 1930, 152p.
Hubert d'Ydewalle
- 'En attendant l'Ouverture !' suivi de Moerepsalm - 1942, 52p.
- Noblesse en Flandre - Edtions Lesigne, 1944, 125p.
Charles d'Ydewalle
Veuillez consulter la bibliographie de Charles d'Ydewalle au travers de ce lien
Jacques d'Ydewalle
- La Vie à Tudor - Album de famille - 1985, 131p.
Pierre d'Ydewalle
- 'Mémoires 1912-1940' - Editions Racine, 1994, 471p.
'De Memoires 1912-1940' - Uitgeverij Lannoo, 1994 - 'Mémoires II 1940-1945' - Editions Racine, 1997, 191p.
'Mijn oorlogsjaren 1940-1945' - Uitgeverij Lannoo, 1997