Association familiale van Outryve dYdewalle Familievereniging

Il y a quelques mois, M. Pierre de Grand Ry attira mon attention sur le fait que Sa Majesté le Roi Philippe et Sa Majesté la Reine Mathilde pourraient être parents via les lignages de Bruxelles.

Selon deux ouvrages de Léo Lindemans :
Tableau d’ascendance de la maison royale belge, livre troisième : d’Udekem d’Acoz, 2002
Tableau d’ascendance de la maison royale Belge, livre deuxième : Ruffo di Calabria, 1999
S.M. le Roi Philippe et S.M. la Reine Mathilde auraient notamment une ascendance commune lignagère de Bruxelles en la personne de Wouter Pipenpoy, décédé vers 1358, échevin de Bruxelles du lignage t’Serhuyghs en 1331, 1333, 1336 et 1337 x Catherine Boote (voir tableau ci-après).

1 Philippe1Avant tout, précisons la notion des lignages de Bruxelles telle que donnée par M. Eric Meuwissen. « Les lignages de Bruxelles sont une institution qui remonte à la deuxième moitié du 12e siècle explique François de Cacamp. Les familles lignagères ont constitué dans la ville de Bruxelles, une classe privilégiée qui se confond avec la classe des propriétaires. Cette propriété du sol de la ville justifiait aux yeux des patriciens du moyen âge, leur prétention au monopole des charges publiques. L’échevinage était considéré comme leur bien propre. Il était leur œuvre et l’instrument de leur pouvoir politique autant que social et économique. La ville même de Bruxelles et la plupart des institutions communales, de type aristocratique par excellence, étaient pour l’essentiel, l’œuvre de ces grandes familles de propriétaires, bien plus que l’œuvre des ducs, dont elles combattirent longtemps, et non sans succès, les prétentions autoritaires et centralisatrices. Les derniers siècles de l’Ancien Régime furent pour l’institution lignagère, une période de lente décadence. Mais les membres des lignages, imbus de la superbe que leur donnaient leurs privilèges abusifs, n’en regardaient pas moins avec dédain les « rustres » du plat pays. Les lignages étaient au nombre de sept, comme celui des sièges d’échevins à pourvoir. Les sept lignages patriciens étaient : Coudenbergh, t’Serhuyghs, Sleeus, Sweerts, Steenweegs, t’Serroelofs et Roodenbeke. Il ne faut pas confondre les lignages et les métiers. Les lignages eurent l’exclusivité des charges politiques jusqu’en 1421. À cette date, le duc Jean IV dut accorder la Grande Charte bruxelloise, dans laquelle il promettait aux métiers – groupés en nations – de partager le pouvoir avec les sept lignages. Le magistrat de Bruxelles compta dès lors dix délégués des lignages et neuf des nations. Cependant, l’échevinat resta l’apanage des lignages jusqu’à la fin de l’ancien Régime. Pas question de la partager avec « ces personnes ignobles et de naissance obscure… qui se sont enrichies considérablement par le commerce… qui ont exercé métier et style mécanique comme brasseurs et marchands, d’autres étant fils de brasseur, teinturier, orfèvre, marchant d’étoffe, papier et dentelles.

1 Philippe2Les deux bourgmestres, à partir de 1421, issus l’un des lignages et l’autre des métiers, avaient des fonctions principalement judiciaires. Pour pouvoir revendiquer les privilèges des lignages, explique Christophe Defossa, il ne pouvait être question d’être brasseur, tanneur, ou orfèvre. En revanche, on trouvait parmi les lignagers, des négociants en gros, des procureurs, des avocats, des magistrats. On a tendance à croire que les lignages et les métiers étaient très opposés, mais il faut savoir que beaucoup de lignagers préféraient exercer des activités lucratives au sein des métiers. Ce fut le cas de Mosselman. Sous l’impératrice Marie-Thérèse, il fut fait une démarche, en faveur des principaux lignages, par les rois et hérauts d’armes, démarche qui semblait tendre à les rapprocher de la noblesse, en les distinguant du reste de la bourgeoisie. S’ils n’ont jamais été reconnus pour tels, il faut l’attribuer sans doute à une circonstance particulière, qui explique l’insuccès de leurs vœux. Cette circonstance n’est autre que le double mode de transmission par les hommes et par les femmes de la qualité de lignager. Il s’en suivit que les personnes ayant droit à cette qualité se multiplièrent outre mesure et qu’elles se répandirent dans tous les rangs de la société. »

La filiation de S.M. le Roi Philippe du côté maternel a déjà été approuvée par la Commission des preuves de l’association des lignages de Bruxelles. Il reste toutefois à vérifier certaines données de l’ascendance de S.M. la Reine Mathilde :
Le mariage en 1598 de Pieter t’Kint avec une certaine Jeanne (Pipenpoy ?), donné par Lindemans comme fille du couple Jan Pipenpoy et Elisabeth Goossens par ailleurs parents de Zeger Pipenpoy qui avait épousé Jeanne van Cutsem, ancêtres de S.M. le Roi Philippe,
Cette Jeanne (Pipenpoy ?) serait-elle la mère de Maerten t’Kint qui aurait épousé, à Bruges, le 19.01.1628, Clara Brulé ? Le nom de cette dernière n’est pas cité
ni par Baudouin Walckiers dans son article : « Généalogie du 1° livre de raison de la famille t’Kint » paru dans « Les lignages de Bruxelles » n° 153, 2004, p.59
ni par Félix-Victor Goethals, dans son livre « Miroir des Notabilités Nobiliaires de Belgique » Tome 1, 1857, page 249
Dans les Lignages de Bruxelles, n° 174/175, 2015, p.66, Jeanne Pipenpoy, fille du couple Jan Pipenpoy et Elisabeth Goossens est dite avoir eu deux époux : Merck Moenens et, en 1602, Hendrick van Cutsem (mais aucune preuve de ces deux mariages n’est donnée). Aurait-elle donc épousé Pieter t’Kint ?
L’annuaire de 1855 (p.155) et Félix-Victor Goethals, dans le livre « Miroir des Notabilités Nobiliaires de Belgique », ne donnent pas le nom de l’époux de Maerten t’Kint, ni le nom de leur fille Suzanne t’Kint, qui aurait épousé, en 1699, Joos (Josse) van Outryve.

Une fois que l’on aura donné les réponses aux questions posées ci-dessus, on pourra certifier la filiation donnée par Léo Lindemans.

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Aujourd’hui

1 Philippe3C’est en 1961 que diverses personnes, désireuses de commémorer les sept lignages, fondèrent l’Association des Descendants des Lignages de Bruxelles, aujourd’hui association royale. Destinée notamment à soutenir toute initiative visant l’illustration de Bruxelles et de ses environs, cette association veille à faciliter aux membres effectifs et à leurs enfants l’obtention des bourses d’études réservées aux descendants des lignages de Bruxelles ou à en créer de nouvelles à leur profit.
Parmi les fondateurs, on comptait l’abbé Desmet, président fondateur, le comte Thierry de Limburg Stirum, le vicomte (Charles) Terlinden, le comte (Henri) t’Kint de Roodenbeke, M. Maurice Braun de ter Meeren et le docteur Spelkens de même que M. Henry-Charles van Parys, qui fut longtemps référendaire. Nombre de filiations nouvelles furent trouvées grâce aux patientes recherches de M. François Schoonjans dit de Coudenberg.
Un travail conséquent fut ensuite réalisé par la Commission des preuves, sous la houlette de M. Baudouin Walckiers, référendaire honoraire, tâche reprise par M. Christophe Defossa.
L’Association des Descendants des Lignages de Bruxelles, présidé par le Comte Jean-Charles de T’Serclaes, publie un périodique « Les lignages de Bruxelles - De Brusselse geslachten » et organise diverses activités (conférences, visites d’expositions). Elle entretient également d’excellents contacts avec la Société royale « Ommegang Oppidi Bruxellensis » qui organise chaque année le célèbre Ommegang sur la Grand-Place de Bruxelles.

Il est également déjà prouvé que Jan Pipenpoy (1540 - 1615), reçu au lignage t’Serhuyghs, descend, par ascendance, des quatre autres lignages c.-à-d. Coudenbergh, Sleeus, t’Serroelofs et Roodenbeke.

Pour les 6 des 7 lignages, les dossiers anciens des admissions dans les lignages de Bruxelles ont déjà donné lieu à des publications. Toutefois, pour le lignage Roodenbeke, les documents anciens n’ont pas été publiés. Le Conseil d’administration des lignages a décidé d’en confier la rédaction à M. Jan Caluwaerts. Contact a été pris avec lui pour essayer de trouver une réponse aux questions posées.

Pour terminer, je souhaite faire un appel à toutes celles et ceux qui auraient des informations utiles pour répondre aux questions posées dans cet article. Je serais ravi d’en prendre connaissance à l’adresse courriel Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..

Hubert Ortegat
Septembre 2017

Références

(1) Eric Meuwissen : Licencié en histoire et journalisme (ULB), ancien journaliste au journal quotidien « Le Soir » et auteur de différentes études sur la grande propriété foncière du Brabant, notamment « Les grandes fortunes du Brabant », 1994
(2) François de Cacamp : de son vrai nom, Louis, Auguste, Joseph de Caquant, généalogiste spécialisé dans l’histoire des familles de Belgique, principalement de Bruxelles. Dans les recueils de la collection Brabantica, dont il était l'éditeur et le créateur (Editions du Genealogicum Belgicum), il a publié les généalogies des familles inscrites aux Lignages de Bruxelles en 1376.
(3) Au centre, Rosace des Sept Lignages de Bruxelles, gravée dans le livre de Puteanus, Bruxella Septenaria, 1656
(4) Christophe Defossa : Licencié en histoire, agrégé de l'enseignement secondaire supérieur, Ancien président du Conseil d'héraldique et de vexillologie de la Communauté française, Administrateur et Référendaire de l’association Royale des descendants des lignages de Bruxelles, Directeur du recueil de l’Office Généalogique et Héraldique de Belgique, Membre du Conseil de la Noblesse.
(5) Les lignages de Bruxelles, n° 174-175/2015, p23, 33 (Lignage t’Serhuyghs) 48,63, 64, 65, 243, 247 et 251 (Lignage Roodenbeke)
(6) Repris en orange clair dans le tableau
(7) D’après le 1ier livre de raison (archives du château d’Ooidonck, n° 25/1), Pieter t’Kint aurait épousé une certaine Joanna sans citer le nom de famille ce qui n’est pas conforme avec ce qui est écrit dans l’Annuaire de 1855 (p. 155) qui cite le nom de famille Pipenpoy.
(8) Ce double mariage n’a pas été prouvé lors de la candidature de ces deux filiations aux lignages de Bruxelles.

Bibliographie

  • Association Royale des descendants des Lignages de Bruxelles, Galerie du Roi 5, 1000 Bruxelles (www.lignagesdebruxelles.be)
  • Stamboom Pipenpoy - Guido Bursens (pipenpoy.blogspot.be)
  • Registratie dossier voor Z.M. Koning Filip I van België, gereistreerd als meisenier, op 25/12/2015, onder n° MSR 025
  • De Oost- en West-Vlaamse voorouders van Koningin Mathilde, Aanzet tot een vooroudersgeschiedenis, (e-book), Geert Tavernier, Brugge, 2015
  • Miroir des Notabilités Nobiliaires de Belgique, Félix-Victor Goethals, Tome 1, 1857, pages 248-249
  • Généalogie de la Famille Pipenpoy, Joseph van den Leenen, 1805
  • La Belgique Héraldique : Recueil historique, chronologique, généalogique et biographie complète de toutes les maisons nobles reconnues de la Belgique, Charles Emmanuel Joseph Poplimont, 1863-1867
  • Familie van (H)outryve, proeve tot historische en genealogische studie, André Vanhoutryve, 1985
  • De Kwartierstaat van Mathilde d’Udekem d’Acoz, ‘t Stamboompje, 28ste jaargang, n° 1, 1/1/2000
  • Etat Présent de la Noblesse Belge : t’Kint (1855), van Outryve d’Ydewalle (1966, 1979, 1995) et d’Udekem d’Acoz (1982)
  • Le théatre de la noblesse du Brabant, représentant les érections des terres, seigneuries, & noms des personnes, & des familles titrées, les créations des chevaleries, & octroys des marques d'honneurs & de noblesse, J.F. Broncaert, 1705
  • Tableau d’ascendance de la maison Royale Belge, livre troisième : d’Udekem d’Acoz, Léo Lindemans, 2002
  • Tableau d’ascendance de la maison Royale Belge, livre deuxième : Ruffo di Calabria, Léo Lindemans, 1999
  • Manuscrit de Roovere, Recueil X des tablettes du Brabant, Bibliothèque Royale de Belgique, p 187, Lignage t’Serhuyghs, familles Pipenpoy - t’Kint
  • Généalogie du 1er livre de raison de la famille t’Kint, paru sous « Les lignages de Bruxelles » n° 153, 2004, p.59
  • Les lignages de Bruxelles, n° 174/175, 2015,

Remerciements
Je tiens tout particulièrement à remercier bien vivement M. Pierre de Grand Ry et le Chev. Bernard van Outryve d’Ydewalle pour leur éclairage et expertise.