Association familiale van Outryve dYdewalle Familievereniging

Jabbeke

Il n'était guère aisé, dans les années 1945/1960, de se baigner lors d'étés un peu chauds. Bien sûr, les parents nous amenaient souvent à la plage de Blankenberge. Chez nous à Varsenare nous disposions d'un fossé où stagnaient des eaux de drainage et des grenouilles. Si on pouvait s’y rafraichir, on en sortait avec de la boue de la tête aux pieds.


Cet épisode n'a fort heureusement pas duré car après avoir habité Bruges, oncle Thierry et tante Hélène avaient trouvé une maison à Jabbeke, coincée entre le chemin de fer et le canal Bruges-Ostende.
Dès l’été chaud de 1947, je n’ai plus eu à patauger dans ce fossé à grenouilles. Je suivis mon frère André à vélo jusqu’à Jabbeke, car là il y avait un véritable étang.

F Juillet 1948 enfants de Failly R LD

André de Failly sur le radeau, Nicolas dans la barque en bois - Guily Verhaegen- François et Damien de Failly - Hélène et son fils Serge

La règle voulait qu'on ne pouvait y plonger avant tante Hélène. Après les jeux nautiques de Nicolas et Serge, l’eau avait perdu toute sa clarté cristalline pour devenir plus foncée. Les boues et les algues troublaient l'eau, la rendant aussi malodorante. Malgré tous ces inconvénients, l'espace m'a permis d'apprendre à nager par moi-même.
Il y avait de nombreux poissons dans les profondeurs, dont parmi les plus spectaculaires des brochets et des anguilles. L'oncle Thierry plaçait des nasses pour pêcher cette vie sous-marine, mais j'ignore s'il en mangeait.

Le « Krolleput »

Vers 1954 circula un mot mystérieux, sorte de "mot-de-passe" : " Krolleput". Une étrangeté dans le pays et dans notre vocabulaire. "Put" se prononçait "peut" ou "pette", c'était selon les familles. Mais je ne vais pas m'attarder sur l'étymologie de cette dénomination, laissant cela à quelques linguistes du cru.
Toute la cousinade de Bruges fréquentait cet étang providentiel. L'eau y était claire, le fond sableux comme les abords, pas d'algues traitresses ni de boues putrides. Quelques arbustes et genêts suffisaient pour nous déguiser en nageurs et nageuses.
Le site était sur la propriété de notre oncle Joseph <d’Ydewalle> et notre tante Louise (dite Loulou).
C'est l'après-midi vers 15 heures que le rendez-vous sonnait. De toutes les maisons d'Ydewalle et autres de Bruges venaient les cousins, les cousines et les amis pour s'y baigner. Bien éduqués, nous restions tous très polis.
Souvent je m'y rendais le matin, il n'y avait personne. Ensuite l'après-midi et encore le soir. Mon frère François avait décidé de s'y rendre selon ce rythme, le plus tard possible en saison. Il avait tenu le coup jusqu'à mi-octobre. Il était prêt à continuer mais mon père l'en a dissuadé.
Nous avons ainsi fait connaissance de cousins et cousines ainsi que d'amis brugeois. Par la suite nos après-midis se passaient sur le tennis de Varsenare et ensuite sur d'autres terrains. Nous avons organisé des tournois entre plusieurs tennis. Ce qui valut des courses (modérées) en voitures d'un terrain à l'autre.
L'âge venant, les distances se sont allongées, les mariages se sont succédé et chacun est parti vers des horizons différents.
Voilà ce que je sais du Krolleput, aujourd'hui envahi de végétations au point de devenir un marécage impraticable à la natation.

Damien de Failly
Octobre 2020

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