Eugène d'Ydewalle, dernier tireur à l'arc de notre famille
Fondée en 1870 à Loppem, la Koninklijke Handbooggilde St. Sebastiaan, dont Eugène van Outryve d'Ydewalle de Diest a assuré pendant près de vingt ans la charge de "hoofdman", a définitivement mis un terme à ses activités en 2014.
Il était d'usage, dès le 13ième siècle, que les corporations de marchands mobilisent leurs membres masculins dans des gildes de tireurs à l'arc, qui contribuaient lors de conflits à la défense miliitaire de leur cité.
Ces groupements perdent leur finalité militaire au cours de l’Ancien régime, mais se maintiennent en tant qu’activité récréative.
De nombreuses Gildes de St. Sébastien ont vu le jour dans le courant du 19ème siècle, toujours dans un contexte récréatif et sportif.
La ‘Maatschappij Het Jong Handboog-Gilde’ de Loppem est fondée le mardi 30 août 1870, jour de kermesse, dans le relais Heidelberg.
Heidelberg est à cette époque une «barrièrehuys» bâtie le long de la route Torhout-Bruges.
Pour les notables des environs qui ont pris l’habitude de s’y rencontrer, le tir à l’arc figure au nombre des activités récréatives à la mode dans ce milieu.
Parmi les principaux inspirateurs de la nouvelle Gilde figure Léon van Ockerhout, docteur en droit, conseiller communal et membre du conseil provincial. Il sera élu en 1874 au Sénat, et y plaidera avec vigueur en faveur de l’usage du Néerlandais dans l’administration publique. Sa fille épousera Albert van Caloen, lequel deviendra plus tard « Stadhouder » de la gilde.
La jeune ‘Maatschappij Het Jong Handboog-Gilde’ se choisit pour premier « hoofdman » le baron Charles van Caloen, fils de Joseph van Caloen.
Charles van Caloen avait reçu en 1858 le titre de baron, transmissible à ses enfants.
Bourgmestre de Loppem durant 43 ans, il y fera construire le château de Loppem.
Les quarante-sept membres que la gilde compte au moment de sa fondation souscrivent un droit d’entrée de 0,75 franc.
Les documents de cette période, tel le règlement de 1896, font état de dispositions très détaillées concernant les titres et fonctions exercées au sein de ce club. Le ‘hoofdman’ est nommé à vie. C’est sur base des résultats de l’épreuve annuelle ‘koningschieting’ que sont nommés, tous les trois ans (et plus tard chaque année), ‘de koning’ et ‘de baljuw’. Citons, parmi les nombreux autres titres et fonctions: ‘1 stadhouder, 2 dekens, 1 schatbewaarder, 4 hofmeesters, 2 proosten, 1 griffier, 6 zorgers of raadsheren’.
L’article 32 du règlement rappelle qu’il est « strengelijk verboden te vloeken of onbetamelijke redenen te houden ». Eugène d’Ydewalle, dernier ‘hoofdman’ de la gilde, nous précise à ce sujet qu’également au cours des dernières années, on ne pouvait discuter de politique ou de religion.
Les archives, qui sont actuellement confiées à l’administration de Zedelgem, permettent de retracer divers épisodes originaux, telle la création d’une Cantate à l’occasion du jubilé de 1905, soit le 35ième anniversaire de la Gilde.
Zijn scherpschutters, "staan zij in boge", behendig en veerdig als Tell;
ze loeren en mikken met ooge;
verzinnen en meten het wel.
Hun pijl van de peze gejogen, al zoevende, blikseme snel, gaat snorrend naar ‘t mikpunt gevlogen;
raakt altijd zijn doel in het spel. (…)
Komaan! Komaan ! De bekers volgeschonken, (enz.)
Un document de 1906 précise que les membres de la Gilde qui n’assistent pas à l’enterrement d’un confrère sont passibles d’une amende de 50 centimes.
En 1930 l’association est autorisée à porter le titre de ‘Koninklijke Handbooggilde’.
Installation au Watermolen
La Gilde déménage en 1920 pour s’installer à Loppem, au ‘Watermolen’, une ancienne auberge située le long de la chaussée de Torhout, en face de l’entrée de l’Abbaye de Zevenkerken. Le Watermolen était à l’origine un moulin à eau, déjà cité dans un document de 1710, auquel fut joint une auberge.
Le bâtiment appartient à l’abbaye lorsque la Gilde y emménage. L’auberge sera détruite en 1956, lorsque le virage de la chaussée de Torhout sera rectifié. La Gilde s’installera dans les dépendances (« de wagenkot ») du bâtiment principal. En 1950 une tempête vient à bout de la perche sur laquelle figurent les différentes cibles.
On la remplace en récupérant à Lichtervelde une perche inutilisée, qui avait appartenu en 1940-45 à un club qui avait mis fin à ses activités pour cause de collaboration.
Lichtervelde comptait durant la guerre deux clubs concurrents de tir à l’arc, réunissant d’un côté les tenants de la collaboration (de zwarten) de l'autre les patriotes (de witten).
Liens avec la famille d’Ydewalle
Les réunions de tir à l’arc, qui aient été suspendues durant la Première Guerre Mondiale, le sont à nouveau de 1940 à 1945. Elles reprennent le 15 avril 1945 à l’occasion d’une mémorable « bevrijdingsschieting ».
C’est à cette époque qu’Emmanuel van Outryve d’Ydewalle (1969 – 1954) est nommé ‘hoofdman’, et exercera cette fonction jusqu’à son décès.
Il aura pour successeur Karl van Caloen (1889-1975), par ailleurs bourgmestre de Loppem.
Au décès de ce dernier son épouse, Marie-Jeanne van Outryve d’Ydewalle, sera nommée ‘ere-hoofdvrouw’.
Claude Carron de la Carrière Moyencourt (1914-1975), dernier bourgmestre de Loppem avant la fusion des communes, prend la relève de 1971 à 1975.
En 1970, le Père Idesbald, moine de l’Abbaye de St. André et aumônier («proost») de la Gilde, fait don d’un collier en argent qui sera porté en certaines occasions par le hoofdman.
Il comprend les armoiries de la Gilde, de l’abbaye, de la commune de Loppem et des trois familles qui ont accompagné le développement de l’association depuis sa fondation: les van Ockerhout, van Caloen et d’Ydewalle.
Joseph d’Ydewalle est intronisé hoofdman en 1975, au décès de Claude Carron de la Carrière.
Il présidait notamment le banquet annuel de la Gilde, aux côtés de son épouse, née Louise van Caloen.
Eugène van Outryve d’Ydewalle de Diest, qui avait contracté le virus du tir à l’arc auprès de son père, est nommé « hoofdman » en 1991. D’importantes modifications sont introduites dans les années suivantes, au nombre desquelles le recrutement de membres féminins et l’organisation de sessions de tir en week-end. Eugène d’Ydewalle « hoofdman » de 1991 à 2014
Ces efforts ne permirent pas de mettre fin aux difficultés de recrutement, et plus particulièrement de rajeunissement des membres.
La Gilde opta en définitive pour sa dissolution, qui fut actée lors d’un ultime banquet, en décembre 2014, au terme de 144 années d’activités.
Sources: Article rédigé avec la précieuse aide de notre cousin Eugène, en bonne partie sur base du dossier ‘Koninklijke Handbooggilde St. Sebastiaan‘ réalisé par Hans Casier.
-> Histoire de la famille van Outryve d'Ydewalle: index des articles sur ce site (lien)