Association familiale van Outryve dYdewalle Familievereniging

Expansion et déclin des entreprises familiales van Outryve
durant la période napoléonienne

Handel en nijverheid in Brugge in de Franse tijd

VISU1AL’imposant ouvrage ‘Brugge voor Napoleon’, récemment publié, détaille sur pas moins de 615 pages, divers aspects de la vie économique, sociale et culturelle en région brugeoise sous le règne de Napoléon.
Le chapitre ‘Handel en nijverheid in Brugge in de Franse tijd’ propose une analyse fouillée de l’évolution des relations commerciales entre la fin de la période autrichienne et l’avènement du régime français. La rédaction en fut confiée à Jan D’Hondt, historien (UGent 1984) et collaborateur du Stads Archief Brugge.
L’auteur consacre plusieurs pages à la réussite de l’entreprise commerciale ‘Handelshuis A. van Outryve’ dont la gestion fut assurée successivement par Augustin van Outryve, puis par son neveu Jean-Jacques van Outryve de Merckem.
Cette contribution apporte un éclairage assez précis concernant le contexte économique dans lequel les entreprises familiale gérées par Augustin et son neveu Jean-Jacques connurent des phases d’expansion puis de déclin.

Les entreprises ‘Handelshuis A. van Outryve’ et ‘Brugse Zeeverzekering’

Les Pays-Bas du Sud (Zuidelijke Nederlanden) ont bénéficié d’une période de prospérité durant la seconde moitié du 18ième siècle. Les règnes de Marie-Thérèse d’Autriche et de Joseph II s’accompagnèrent de mesures favorables à l’expansion du port d’Ostende. Ainsi par exemple l’approfondissement du canal Bruges-Ostende permit-il de relier plus efficacement le port de Bruges (‘Handelskom’) à la mer.
Le port brugeois avait à cette époque pour atout de disposer d’une offre d’entrepôts hors-taxes bien mieux fournie qu’à Ostende. Le Handelskom accueillait 368 navires en 1782.
40% de la population active travaillait dans le secteur des métiers à tisser le lin ou le coton.

 

Jan D’Hondt relate dans le détail la réussite commerciale de divers marchands brugeois, tel le développement, sous la houlette d’Augustin van Outryve (1710-1795), de la maison de commerce ‘A. van Outryve’. Rappelons que cette société familiale avait pris le relais du commerce particulièrement florissant initié précédemment par sa tante Mary Anne van Outryve (1674-1746), qui était décédée sans descendance directe.
VISU1C AugustinAugustin s’établit dans la maison de sa tante, située dans la Cordouanierstraat.
L’entreprise bénéficia d’une période d’expansion exceptionnelle au départ d’activités relevant de l’import-export, de la construction navale et d’assurances maritimes. En 1790 le registre d’état civil de Bruges associait le nom d’Augustin au qualificatif de ‘hooft der kooplieden van Europa’ !

Augustin décéda en 1794, alors que la tutelle des Pays-Bas autrichiens prenait fin au profit du régime français, de tonalité révolutionnaire puis impériale.
Son entreprise passa dans les mains des enfants de son frère Pierre-François van Outryve (1703-1749), et principalement de Jean-Jacques van Outryve de Merckem (1703-1749) qui en assura la direction. Son portrait est aujourd’hui encore exposé à la Sint-Jorisgilde, dont il fut hoofdman en 1789.
Ses deux frères Emmanuel-Louis (avocat) et Jean-Georges (chanoine) ainsi que sa sœur Pétronille furent également actionnaires de la société familiale. Celle-ci s’établit sur la Sint-Jansplein et occupa un entrepôt à l’entrée du Handelskom.

L’auteur fournit d’intéressants détails concernant le commerce maritime que Jean-Jacques développa vers différentes destinations européennes, ainsi qu’avec les jeunes Etats-Unis d’Amérique.
Les comptes de l’entreprise font état de nombreuses commandes de weedas et de potas, (traduire ? POTASSE DE PASTEL ou ? ), substances utilisées dans l’industrie textile et dans la fabrication de savon. Ces matériaux étaient importés depuis Elbing (Pologne), Hambourg, Brème et Saint-Pétersbourg. D’autres partenaires commerciaux de l’entreprise étaient localisés dans des régions plus proches : Lille, Paris, Valenciennes, Saint-Omer, Dunkerque, Lyon, Rotterdam, Londres et Barcelone.
Le degré de richesse d’Augustin et de ses quatre neveux et nièce se trouve confirmé par les archives de la ville, qui publient le détail des contributions que les Brugeois nantis durent payer lorsque l’occupant français leva un impôt exceptionnel de quatre millions de guldens.

Mais au Blocus continental (1806-1808), qui gela les relations commerciales avec le Royaume-Uni, s’ajoutèrent d’autres difficultés qui provoquèrent une diminution des activités du port.
Jan D’Hondt juge que la période française s’est avérée néfaste pour le développement du port de Bruges. Quatre des six chantiers navals furent fermés à cette époque. La très prospère ‘Brugse zeeverzekering’, fondée par Jean-Jacques van Outryve de Merckem et Charles d’Hont de Nieuwburg (1723-1798), mit fin à ses activités en 1812.

Augustin van Outryve (portrait Suvée)

 

 

VISU1DJean-Jacques van Outryve, (vice)-président de la Chambre de Commerce

Les corporations perdirent la plupart de leurs privilèges sous l’occupation autrichienne, puis à l’initiative du régime français (‘loi Chapelier’). Ces mesures contribuèrent à libéraliser les activités commerciales et industrielles, favorisant l’enrichissement de nombreux commerçants et d’une partie de la noblesse.

Le rôle de la Brugse Kamer van Koophandel, qui avait été fondée en 1665, gagna en importance à l’époque napoléonienne. L’institution faisait office de Tribunal du Commerce et avait pour mission de veiller à l’entretien des canaux Bruges-Ostende ainsi que Bruges-Gand.
Elle connut un bel essor à partir de 1783, lorsqu’une modification de ses statuts permit désormais à de jeunes marchands d’en devenir administrateurs.
C’est à la Chambre de Commerce que le gouvernement français concéda l’exploitation des entrepôts du port (‘Handelskom’, visuel ci-dessous).
Jean-Jacques van Outryve de Merckem en assura successivement la vice-Présidence et la Présidence. Il fut à ce titre invité en 1804 aux célébrations du couronnement de l’Empereur à Paris. On lui doit également un intéressant rapport, publié en 1811, qui répertorie les diverses activités industrielles de la région.

Notre aïeul rencontra la délégation française lorsque l’Empereur, en visite à Bruges en (date ?) souhaita se rendre dans le ‘Handelskom’ pour y discuter des perspectives de relance du port brugeois.

 

VISU1XLa liaison maritime entre Bruges et la mer causait à cette époque de gros soucis aux marchands brugeois. Ostende avait perdu son statut de grand port maritime à la fin de la période autrichienne. Et le canal Bruges-Ostende s’avérait difficilement navigable lorsque l’ouverture des écluses à Ostende provoquait une baisse du tirant d’eau.
Les Français s’employèrent donc, à l’occasion de la visite impériale du Handelskom, à convaincre la Brugse Kamer van Koophandel  de soutenir le principe du creusement d’un nouveau canal qui relierait le port de Bruges à Breskens, en passant par Sluis.
La perspective d’une nouvelle liaison maritime fut évidemment bien accueillie par les instances brugeoises. Les motivations de l’Empereur n’étaient toutefois pas principalement d’ordre économique. Il était probablement surtout désireux de prolonger jusqu’à Breskens le réseau de canaux intérieurs qui reliait le Nord de la France à Bruges, permettant ainsi de déplacer rapidement ses armées vers l’embouchure de l’Escaut. Le dispositif militaire autour d’Anvers serait ainsi renforcé face à la perfide Albion.

Il ne subsistera finalement de ce projet maritime que le canal Bruges-Damme entamé à l’époque de Napoléon, puis prolongé bien plus tard jusqu’à Sluis sous Guillaume Ier.

Seconde visite de Napoléon à Bruges 

L’Empereur épouse Marie-Louise d’Autriche le 1er avril 1810, et le couple entouré de la suite impériale, effectue presqu’immédiatement, soit au mois de mai, son premier déplacement dans le Nord, en passant par Bruxelles, Anvers, Gand, Bruges et Ostende.
L’arrivée à Bruges de la suite impériale s’avère chaotique. Comme Marie-Louise et sa suite arrivent plusieurs heures avant l’Empereur, le Comité d’accueil des Dames, présidé par Sophie van Outryve d’Ydewalle (dates), dut décommander l’accueil officiel de l’Impératrice. Napoléon arrivera à 22 heures à la Porte de Damme, sous une pluie battante, négligeant le parcours officiel le long duquel divers arcs de triomphe avaient été dressés en son honneur.
L’Empereur a gagné en respectabilité du fait de son mariage, un mois plus tôt, avec une Habsbourg. L’accueil des nobles et bourgeois sera donc bien plus respectueux que lors de sa précédente visite à Bruges, en 1803.
Plusieurs notables, dont notamment Jean-Jacques van Outryve de Merckem, seront gratifiés à cette occasion de la Croix de la Légion d’Honneur.
VISU1 SophieSophie van Outryve d’Ydewalle (portrait ci-contre) prononcera le mot de bienvenue - ou ‘Compliment’ - adressé à l’Impératrice lors de la réception, suivie d’un bal, organisée dans la Préfecture (l’actuel Palais Provincial).
Une montre agrémentée d’une chainette en or lui sera offerte.

La suite de l’Empereur comptait une quarantaine de personnalités. Tous furent hébergés chez l’habitant, notamment parmi divers membres de notre famille : Pétronille (Huis Casselberg, actuellement Hoogstraat n°6), Emmanuel (Arentshuis, Dijver n°6), Jean-Jacques (Huys de Lecke, actuellement Wapenstraat 14), ainsi que François de Serret et son épouse Marie-Thérèse van Outryve d’Ydewalle (lieu ?).

A noter que Pétronille, ardente prorévolutionnaire (‘jacobine’) que le régime autrichien avait précédemment fait surveiller de près, hébergea cette fois-ci le Ministre de l’Intérieur français…

Hugues d’Ydewalle

Source
Brugge voor Napoleon – Een stad onder Frans bewind 1794-1814Redactie: Henk Anseeuw, Jan Anseeuw, Bert Gevaert (601 blz.)Uitgeverij Sterck & Devrieze