Marthe Papeians de Morchoven, née van Outryve d’Ydewalle, nous a quitté au terme de sa 99ième année, le 13 juillet 2016.
Ultime représentante de la génération des petits-enfants de Charles d’Ydewalle x Marie Aronio de Romblay, elle était mieux connue de ses nombreux neveux sous l’affectueux surnom ‘Tante Pépé’.
Nous l’avons tant appréciée pour son sens de l’accueil, son insatiable curiosité et son exceptionnelle ouverture d’esprit.
Nous reproduisons volontiers le mot d’introduction que sa fille Brigitte prononça lors de la messe des funérailles.
«Merci à vous tous, famille, amis qui êtes là pour nous et en souvenir de Maman. Merci pour votre présence, votre aide, vos attentions, tous les petits mots gentils de ces derniers jours qui réchauffent le cœur.
Maman est partie à la pointe du jour, à l’aube ou à l’aurore, ce moment où les oiseaux s’éveillent, moment de lumière douce, d’appel à la vie.
«J’aime la vie» disait Maman quand nous lui demandions ce qui la faisait vivre si longtemps.
Elle aimait la vie et nous aimait enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. Même si elle n’était pas vraiment capable de l’exprimer par des gestes, elle l’a répété chaque fois qu’elle pensait ne plus nous revoir, c’est-à-dire très souvent ces derniers temps.
Elle souhaitait mourir entourée de ses enfants. Nous n’étions pas là au moment- même de sa mort mais nous l’avons aimée, protégée, accompagnée par notre présence affectueuse durant ces derniers mois, comme Papa l’aurait fait.
Ils s’aimaient énormément comme beaucoup d’entre vous l’ont rappelé dans leurs lettres. C’était un couple accueillant et généreux.
Depuis la mort de Papa, Maman s’est affirmée au cours du temps.
Elle se disait rebelle. Plutôt difficile à imaginer mais il est vrai – et on l’a vu à la fin de sa vie- qu’elle revendiquait sa liberté de penser et d’agir, le droit à la vérité, elle parlait du droit des femmes à prendre leur place dans la société.
«Il n’y a pas assez de femmes en politique» disait-elle, elle avait ses idées par rapport à l’institution église et appréciait aussi l’éducation actuelle des enfants beaucoup moins rigide qu’à son époque.
Nous l’admirions quand elle cherchait à comprendre dans les livres d’histoire ou les biographies ce qui mobilisait les hommes et les femmes dans leurs actions pour le bien ou non de l’humanité.
Résistante elle l’a été pendant la guerre, en cachette de ses parents, en connivence avec son frère. Ce qui explique sans doute pourquoi elle a relu à maintes reprises, mémoire faiblissante oblige, le livre de son frère Pierre, son héros, qui raconte ses souvenirs d’enfance et de guerre 40-45.
Maman n’était pas vraiment une femme de décision mais quand elle avait décidé, elle s’y maintenait et puis nous devions passer à l’action. Quitter Bruges, quitter Parmentier, arriver à la Maison Notre Dame, c’était ses choix. Elle était capable de beaucoup de renoncement, de courage et de dignité.
Cette messe, elle l’a décidé aussi, depuis longtemps, 18 ans peut-être, cela nous faisait un peu sourire si pas avec une petite pointe d’exaspération car à l’époque de ses 81 ans elle était encore en pleine santé.
Le thème est resté le même depuis lors, celui de la Transfiguration. Je laisse à l’abbé Mawet les explications de ce concept un peu difficile pour les profanes.
Cette messe est donc dédiée à l’amour, la joie et la paix.
Maman l’a préparée entièrement, ce qui nous a bien aidés, avouons–le, vu la diversité de nos sensibilités et croyances.
Pour terminer, un tout petit poème de Gilles Plazy qui rappelle son départ à l’aurore.
Aurore
est le nom des oiseaux
Lumière celui de l’homme
qui s’éveille
dans le luxe d’une heure
où se déploie
l’appel d’un air immense.