Fils d’Axel d’Ydewalle et de son épouse Danielle, Augustin d’Ydewalle est joaillier – orfèvre par passion, et artiste dans l’âme. Voilà déjà trente ans qu’il œuvre à la création de bijoux, privilégiant la création de pièces uniques, exclusives, faites sur mesure pour satisfaire l’attente personnalisée de chacun.
Malgré un agenda chargé à l’avant-veille d’un départ vers Bangkok, Augustin nous a livré un bref témoignage consacré à son défi professionnel, que nous avons résumé comme suit.
Déjà 32 ans de métier
Très jeune, je me suis senti attiré par une carrière artistique, et par le souhait de travailler de mes mains.
J’ai donc débarqué à Anvers à l’âge de 18 ans, n’y connaissant que le Zoo, mais très déterminé de mener à bien la formation en création de bijoux à la Sint-Lucas School of Arts - Afdeling Edelsmeedkunst.
La formation de quatre années a été suivie de cinq années de stages.
Je suis indépendant depuis une dizaine d’années.
Persévérer
Il n’est guère facile de se frayer une place dans le monde des orfèvres.
Le milieu est relativement fermé, sauf à l’égard des jeunes issus de familles déjà introduites dans ce secteur.
J’évolue dans un mode d’artisans qui, un peu comme les magiciens ou les chocolatiers, n’aiment pas trop dévoiler leurs recettes…
Même au terme de cinq années de stage, un jeune orfèvre a peu de chances de pouvoir s’installer à son compte, comme indépendant.
D’autant que beaucoup de clients estiment plus rassurant de s’adresser à un artisan plus âgé. Mon crane peu fourni constitue donc à présent, de ce point de vue, un réel atout.
Les débuts n’ont donc pas été glorieux. Il m’est arrivé, au cours des premières années, d’avoir envie de tout plaquer.
Mais ce métier est une passion qu’on vit très fort, six jours sur sept, jusqu’au jour où la réussite se confirme enfin.
AUGIO: what’s in a name ?
Dans un premier temps j’ai surtout travaillé pour des professionnels.
Les activités ont ensuite progressivement pris de l’ampleur.
Nous avons donc été amenés à créer une société, dont la dénomination – AUGIO - évoque le symbole chimique de l’or (Au), le terme italien pour joaillerie (GIO…) ainsi qu’un prénom (AUGustin) déjà porté par un ancêtre d’Ydewalle.
Notre équipe fournit aujourd’hui quatre emplois spécialisés répartis sur les ateliers de Hoeilaart pour l’orfèvrerie, et d’Anvers pour le sertissage des pierres.
Nous produisons entre vingt et vingt-cinq pièces par semaine, et travaillons souvent au maximum de nos capacités.
Nouvelles technologies
Il y a dix ou quinze ans l’orfèvrerie se pratiquait essentiellement de manière manuelle, au banc de travail.
De nouveaux équipements ont à présent totalement révolutionné notre métier.
Nous avons consenti des gros investissements en équipements, de manière à rester à la pointe des dernières technologies.
J’utilise un logiciel 3D pour la conception des bijoux.
Quelques clics me permettent de définir et de modifier à loisir nombre de paramètres : taille, forme et poids total de la bague, type de pierres incrustées, qualité de l’or, etc.
Après accord avec le client sur une version finale du dessin en 3D, la définition vectorielle du bijou sera lue par notre imprimante 3D à très haute résolution, laquelle produira un prototype de la bague, qui sera coulé soit en cire soit en silicone.
Ce moule permet de produire un contre-moule, qui est placé dans notre chaine de coulée en or pour produire la bague.
Celle-ci sera, après polissage, envoyée dans notre atelier de sertissage d’Anvers.
On le voit, nos équipements et notre savoir-faire nous permettent de produire des bijoux depuis l’or fin jusqu’au sertissage final, à l’exception de la taille des pierres.
Cet atout nous donne une longueur d’avance par rapport aux ateliers qui ne disposent pas d’une chaine complète d’équipements up-to-date.
Bangkok
J’ai fort heureusement été efficacement aidé par mon beau-frère diamantaire, qui m’a introduit dans le commerce des pierres précieuses.
L’achat de saphir et de rubis se fait pour partie en Europe, mais je me rends souvent à Bangkok, la véritable plaque tournante du commerce des pierres précieuses.
Nos clients
Entre 30% et 40% de notre production s’adresse à un nombre sans cesse croissant de particuliers qui nous font confiance.
Ces commandes entrainent des pics de production saisonniers, notamment au mois de février pour la commande de bagues de fiançailles.
Mais l’essentiel de notre production concerne des commandes émanant de bijoutiers, ainsi que de certaines marques.
Notre pays compte probablement dix fois plus de bijoutiers que de fabricants qui, à l’instar d’AUGIO, leur fournissent des pièces uniques façonnées en fonction des desiderata du client final.
Certaines marques sont également intéressées à nous passer commande de prototypes dont elles confient ensuite le sertissage à leur propre atelier.
Concurrence ?
La concurrence asiatique ne nous concerne pas directement. Nous ne sommes pas positionnés sur leur créneau principal, à savoir les productions en série.
Leurs délais de production s’élève à minimum deux mois, alors qu’AUGIO peut parfois garantir une livraison endéans quinze jours.
Nos concurrents asiatiques sont en outre moins à même de concevoir des bijoux qui correspondent aux goûts de notre public, ainsi qu’à certaines sensibilités régionales. Sait-on que les Néerlandais n’éprouvent que peu d’attirance pour les pierres précieuses, tandis que le Nord du pays est plus sensible au design moderne, et que nombre de francophones apprécient les ambiances plus florales ou romantiques ?
Notre connaissance approfondie des gouts du public figure probablement parmi les principaux atouts d’AUGIO.
Pour plus d'infos, consulter le site de l’atelier d’orphèvrerie AUGIO
-> Autres articles publiés dans le Bulletin n°27 (octobre 2017): lien