L'hebdomadaire Le Vif du 17 décembre 2020 a consacré un reportage au 'Retour du sauvage', qui comprenait un interview de notre cousin Luc Janssens de Bisthoven, en qualité de coordinateur de « CEBioS ».
Ce programme est dédié au maintien de la biodiversité dans les pays en développement.
L'interview de notre cousin figure dans les dernières pages du reportage, disponible en téléchargement au départ du lien suivant.
A cette occasion Luc a fort sympathiquement accepté de nous résumer son itinéraire professionnel.
Je suis un fils de Marie-Hélène d’Ydewalle et d’Albert Janssens de Bisthoven (+1997) et le frère de Sylvie, Roch et Shalini. J’ai une fille, Sara, qui est médecin à Zürich. Mon épouse Dorothée est psychothérapeute à Bruxelles.
J’ai toujours eu ce rêve d’enfant de devenir explorateur.
Explorer et découvrir avec une curiosité de la chose naturelle. Attiré par les oiseaux depuis mes 12 ans, je reçus mon premier guide des oiseaux d’Europe et des jumelles de mon père. Même à mes 56 ans, je me rappelle ma première mésange charbonnière identifiée avec fierté.
Les promenades de gosse à Beernem avec mes oncles d’Ydewalle, Fragui, Liévin et Hubert, des chasseurs passionnés, m’ont imprégné du rythme de leurs pas dans le silence de l’approche et de l’affut entre futaies et polders. J’étais impressionné par leurs connaissances naturalistes et leur sens de l’observation. Hubert détectait un épervier dans sa pépinière tandis que je n’y voyais que des sapins.
L’idée géniale de mes parents, Albert et Marylène, de passer avec nous, les quatre enfants, un an en Algérie, m’a fort influencé. Mon virus pour l’Afrique y est né, également fort renforcé par mon oncle Titou (Georges JDB), père blanc au Mali, qui revenait tous les cinq ans et organisait des messes africaines dans le grenier de la ferme familiale Janssens de Bisthoven de Donk.
Ce fut donc un choix ‘naturel’ que d’étudier la biologie, surtout lorsque j’appris d’un petit camarade de classe que son père était biologiste et voyageait beaucoup en Afrique, c’était le directeur du Musée de Tervuren. Après mon master en zoologie à la KU Leuven, je me lançais dans un doctorat, aventure de recherche obstinée sur des déformations de mandibules de larves aquatiques de petits moustiques, les chironomides, comme bioindicateurs de pollution, faut le faire...toujours cette curiosité...
Après un an comme assistant et un an de bourse, je pris en guise de service (militaire) civile la poudre d’escampette avec ma copine, et nous avons passé deux années à Nairobi au Kenya comme enseignants à l’université. J’y enseignais à 120 étudiants kenyans, et lors des averses tropicales, la pluie tambourinait si fort sur le toit en tôle, que je dus arrêter mon cours dans un fracas infernal. Ce fut pour moi deux années d’aventures inoubliables. J’avais 27 ans, et comme l’université était souvent en grève, nous parcourions fréquemment le pays en vieille Range Rover avec une tente que nous plantions dans chaque parc national. Inutile d’ajouter que la présence de six espèces de serpents différents, des milans et des ibis sacrés dans mon jardin me remplissait de joie. J’étais fou de nature et d’espace.
De retour en Belgique, je finis mon doctorat et me maria. Notre fille Sara naquit en 1995 en Suède lors de notre post-doc là-bas. Après la Suède et une demi-année en Afrique du Sud, nous nous sommes installés à Ibbenbüren en Allemagne comme consultants indépendants sur la qualité de l’eau, le tout entrecoupé de passages postdoc au Portugal et en Chine. En 2006 j’écrivis un livre en néerlandais qui relate mes deux ans au Kenya (« Tussen zoutpan en telelens », ed. Free Musketeers, entretemps faillite).
Après 12 ans de vie commune et une séparation très douloureuse, je rapplique en Belgique sans job. Ma mère m’offre gentiment l’hospitalité chez elle à Uccle, jusqu’à ce que je puisse de nouveau repartir de mes propres ailes.
Entre alors dans ma vie ma chère Dorothée, avec qui je me marie en 2010 à Zanzibar. Une nouvelle étape de ma vie commence, avec beaucoup de voyages ensemble, en Uganda, Maroc, Ethiopie, Géorgie, Equateur, Vietnam, Tanzanie, Cabo Verde et notre cher Fuerte Ventura (comme son nom l’indique : déserts volcaniques, la mer et de vents forts !). Le gout du voyage et de la rencontre humaine nous passionne. Doro passe un an professionnel au Népal et je viens la visiter plusieurs fois. Pays extraordinaire, nous découvrons à deux le Terai et son parc Chitwan, les collines et une petite partie du Mustang, paysage désertique himalayen de toute beauté.
Je décide d’arrêter la recherche et me lance dans la coopération au développement universitaire comme « Program Officer » au VLIR-UOS, la Vlaamse Interuniversitaire Raad -Ontwikkelingssamenwerking. J’y accompagne des projets de recherche au Suriname, Ethiopie, Kenya, Afrique du Sud et Tanzanie. C’est là que j’ai tout appris dans le domaine de la coopération, un véritable domaine d’expertise à part entière.
Après 6 ans je change de boulot et je deviens (et le suis toujours) coordinateur de « CEBioS », programme axé sur le maintien de la biodiversité dans les pays en développement. Je suis basé à l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, là où vous avez certainement déjà découvert les iguanodons. Ce programme est financé par le ministère de la coopération. Ma curiosité se focalise sur la biodiversité et sa conservation avec le soutien des autorités (nationales, Nations Unies, UE), des universités et de la société civile. Pour l’instant je me concentre surtout sur le Bénin, le Burundi, la RD Congo et la Tanzanie. Ce boulot passionnant me permet de visiter des régions peu touristiques (ou pas du tout), et de concilier mes passions pour l’Afrique et la nature, dans un cadre de coopération et de diplomatie. Je dirige une équipe d’une dizaine de personnes. Je voyage en moyenne quatre fois par an dans ces pays (sauf pour l’instant, Covid oblige) et j'ai participé à la délégation belge pour la COP Biodiversité en Corée du Sud et en Egypte, grande conférence onusienne qui négocie les politiques de biodiversité entre les pays.
J’essaye dans la mesure du possible d’emmener mon (plutôt lourd) téléobjectif dans mes bagages, car je suis passionné de photographie d’oiseaux et de faune sauvage, mais également des cultures locales. Récemment j’ai écrit un petit livre, relatant quelques anecdotes dans plusieurs pays d’Afrique, intitulé « Curieux d’Afrique », chez « Le Livre en Papier », qui peut être commandé ici : https://www.publier-un-livre.com/fr/le-livre-en-papier/1194-curieux-d-afrique.
Safari salama!
Luc Janssens de Bisthoven