Association familiale van Outryve dYdewalle Familievereniging

Quatre branches - Vier takken

Tous cousins

Les van Outryve d'Ydewalle comptent près de cent cinquante porteurs du nom, tous cousins. Découvrez l'histoire de notre famille au départ
- du récit des sept générations originaires d'Oostrozebeke qui se sont établies en région brugeoise : lien suivant
- de l'index des membres de notre famille (période 1650-1950) ainsi que de l'index des demeures et lieux où ils vécurent.

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Notre dernier Bulletin

Le Bulletin n°37 a été transmis par email, au cours du premier semestre de cette année, à l'ensemble des contacts de notre Association familiale.
Les articles de nos Bulletins qui font référence à l'histoire de notre famille sont accessibles via l'onglet Articles récents.
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Rappelons que le Bulletin n°35, édité à l'occasion du 250e anniversaire de l'anoblissement de la famille, proposait un survol des sept générations van Outryve d'Ydewalle qui ont vécu en région brugeoise entre 1650 et le début du XXe siècle
Il peut être consulté au départ du lien suivant.

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René Verhaegen (1924 – 1992) et Ghislaine van Outryve d’Ydewalle (1923 – 2012)

Après des humanités gréco-latines en pensionnat chez les Franciscains à Marche-en-Famennes, René Verhaegen envisagea un moment la vie monacale. Il en sortit et entama tout de suite des études de droit à Louvain. C’est à Tilleghem (que ses parents avaient repris en 1947) qu’il rencontra sa future épouse, Ghislaine (branche Beernem). Après leur mariage en septembre 1949, ils s’installèrent à Louvain, où il obtint son doctorat en droit, suivi d’une licence en sciences politiques et coloniales à Anvers. Leur projet commun, teinté d’aventure et d’idéalisme, serait le Congo.

Entretemps étaient nés Claude (Bruges 08/1950) et Didier (Louvain 01/1952).

 08A Verhaegen KivuB 12 BordLa première affectation fut Béni (03/1953), après un voyage en bateau de 15 jours (Anvers – Lobito (Angola), et en train (Lobito – Dilolo (Katanga)). René parvint en dernière minute à faire changer son affectation, initialement prévue dans une région avoisinante, très peu hospitalière à cause du climat tropical, pour un poste à Béni (Nord-Kivu), proche de la forêt vierge (Ituri), avec son climat équatorial chaud et humide.

Le ménage y occupa sa première maison de style colonial, attribuée en fonction du grade des nouveaux arrivants. « Papa devait être agent territorial à l’époque. C’étaient des maisons de plain-pied, meublées, avec un terrasse couverte faisant toute la longueur de la maison, où on passait le trois-quarts du temps et qu’on appelait « barsa », entourée d’une parcelle ». Il y avait beaucoup d’intrus, tels que grosses araignées, lézards et serpents. « J’ai un jour rapporté à Maman des œufs de serpents pensant que c’étaient des œufs de poules. Un autre jour, le boy Marco a du tuer avec un bâton fourchu un serpent qui s’était introduit dans notre chambre. Maman s’est précipitée dehors pour déplacer le landau de Georges, placé l’ombre d’un arbre qui aurait pu être occupé par le même serpent. »

 08E Tipo Verhaegen Kivu 8 R BordTous les mois René s’absentait en mission pour une dizaine de jours, en Jeep, accompagné de pisteurs. Certains villages étant inaccessibles en voiture, le trajet se faisait à pied, et parfois même en chaises porteur appelées « tipoï ». Lorsque ses déplacements duraient trop longtemps, la famille l’accompagnait en voiture par de très mauvaises routes. On arrivait, après éventuellement s’être embourbé et parfois même en tipoï, dans des gîtes au confort rudimentaire « où on s’éclairait avec des lampes à pétrole, et où on cherchait l’eau à la rivière ». Ce fut l’occasion de rendre souvent visite aux pigmées dans la forêt, dont les chants étaient envoutants.

Fin août 1954, la famille (accompagnée du Boy Marco) s’installa une semaine à Oîcha (à 27 km. N-O de Béni), dans une léproserie dirigée par un médecin américain, atteint de la malaria, pour la naissance de Georges-Marie. C’est René qui officia lors de l’accouchement.

 08F Ghislaine Verhaegen Kivu 2 R BordEn l’absence de son mari parti en mission, Ghislaine restait seule avec ses enfants, et trois boys : un lavadère (c.a.d. lessive), un cuisinier (Ambroise) et un homme pour le ménage (Marco – marié et père de 2 enfants). Ambroise et Marco ont d’ailleurs accompagné le ménage pendant toute la durée de leur séjour au Congo (6 ans) ! Comme elle était très bonne couturière, elle confectionnait les vêtements des enfants, parfois dans un même coupon de tissu, où tout le monde était habillé « pareil ». La vie étant très autarcique, elle achetait fruits et légumes, ou même viande de brousse aux vendeuses portant un grand panier sur la tête. « Pendant tout un temps, je n’ai pas su ce qu’était un magasin. »

Sur le plan sanitaire, ce n’était pas l’idéal. Il y avait énormément de moustiques, sans médicaments préventifs (ex. malarone), et la malaria sévissait. René, atteint par la maladie, s’est fait soigner lors de ses visites dans les villages entre-autres par des plantes fournies par des guérisseurs.

 08C2 Ren Verhaegen REn 1955, deuxième affectation à Mutwanga (1.146 m. d’alt.) au pied du mont Ruwenzori (5.109 m d’alt.). La végétation y était diversifiée et luxuriante, avec une température moyenne très agréable de 25 degrés, de telle sorte que le ménage aurait aimé s’y installer et faire construire une maison. Première année de scolarité par correspondance de Claude, qui fit les trois années suivantes à la maison. Les vacances se passaient au bord du lac Kivu, à Kisenyi (près de Goma, au Rwanda), avec ses plages de sable et piscine et pédalos. Georges-Marie aurait été sauvé in extremis d’une noyade. « Découverte d’une vie plus civilisée » !

René, épris d’aventure, et en grande forme physique, emmena un jour ses trois enfants, accompagné d’un garde armé, au parc Albert (Virunga) pour y découvrir la faune locale : buffles, antilopes, hippopotames, lions, singes, oiseaux et … un éléphant caché dans un fourré le long de la piste. « Il nous est apparu nez-à-nez, barrissant, chargeant. Heureusement pas trop longtemps. Il y eut également l’irruption du volcan Nyiragongo, avec ses coulées de lave et l’odeur du souffre. »

Peu avant la fin de son premier terme de trois ans, René reçoit une nouvelle affectation (et promotion) dans le Sud. Finis les rêves de rester près de Mutwanga.

Retour en Belgique en mars 1956, après un premier terme, pour les vacances d’été. Le ménage et ses trois enfants séjournent 1 mois à Tilleghem, l’occasion pour Claude de fêter sa première communion avec son cousin-germain Guy Verhaegen, dans la petite chapelle du château, avec la bénédiction de leur oncle Edouard Verhaegen. Les albums de photos relatent d’autres visites et rencontres nombreuses dans la région.

 08C Verhaegen Kivu Ren RAprès toutes ces retrouvailles en famille « que nous connaissions très peu », le ménage repart pour un second terme de trois ans, cette fois en avion, pour une troisième mission à Nia-Ngézi (30 km au sud de Bukavu). René est nommé administrateur territorial-adjoint. C’est le temps de l’achat d’un premier cheval (Scarlette), partagé avec un voisin agronome. C’est aussi l’adoption par Claude d’un jeune singe orphelin « cynocéphale » (babouin) qu’elle parvient presqu’à domestiquer : « Il me suivait partout, faisait des promenades en vélo sur mon guidon, … ». Il fut remis plus tard en liberté, alors que rôdaient quelques bêtes sauvages aux alentours : un léopard repéré dans un bois voisin, ou encore une hyène qui avait passé la nuit dans la cabane du jardin.

Bukavu n’étant pas trop loin, le ménage s’y rendait régulièrement pour retrouver des membres de la famille, comme Oncle Amédée et Tante Simone d’Ydewalle, leurs enfants et petits-enfants, qui habitaient une grande maison le long du lac Kivu.

En 1957, quatrième poste au nord de Bukavu (15 km), à Kabaré. Il y avait un administrateur territorial en place, « qui habitait la plus belle maison, entourée du plus beau jardin, bref la première classe. Nous occupions une maison de seconde classe, que Maman appréciait heureusement beaucoup. Il y avait une maison de troisième classe, beaucoup moins attrayante, qui était aussi occupée. » C’est vers la fin de ce mandat que René serait nommé administrateur territorial, car «  les parents se réjouissaient d’une bonne nouvelle à propos de la carrière de Papa. »

En mai 1957 naissait leur quatrième enfant, Sybille, à Bukavu. Les autres trois enfants furent reçus pendant une dizaine de jours  08B Verhaegen Kivu Maison 9par Michel et Boule (Marie-Ghislaine) d’Ydewalle dans « leur belle propriété » au bord du Lac Kivu.

Ghislaine est rentrée brièvement en Belgique en novembre 1957, avec Sybille, qui a failli s’étouffer dans l’avion après avoir mangé une crasse, pour l’enterrement de son frère Thierry. Après ce décès, elle devenait la dernière survivante de la branche Beernem.

Didier rentre en 1957 au Collège Notre-Dame à Bukavu, suivi l’an d’après par Claude (8 ans) en 4 ème primaire , dont Ghislaine avait jusqu’alors assuré l’éducation par le biais de cours par correspondance. Le trajet se faisait en bus réservé aux écoliers.

Entretemps, René, avec son entrain, parlant parfaitement le swahili, se faisant comprendre au besoin par de grands gestes, y a organisé plusieurs évènements: d’abord une exposition d’artisanat local, incluant peinture, sculpture, poterie, ensuite la reconstitution d’un tournoi médiéval. Les habitants du poste et de la région y participèrent en costumes d’époque, confectionnés par eux-mêmes.
 08D Verhaegen Ren a cheval RIl y eut également un concours hippique, rassemblant les cavaliers de la région. « Les manifestations se déroulaient sur une grande plaine entourée d’un long couloir pour les spectateurs ». C’est là que les enfants ont appris à monter à cheval, Claude s’entraînant à 7 ans à l’obstacle, Didier à 5 ans au galop, et Georges-Marie à 3 ans au pas. René avait en effet acquis en septembre 1957 un pur-sang arabe kenyan, à l’origine cheval de course qui avait concouru sur l’hippodrome de Bukavu, reconverti par la suite à l’obstacle. De son nom RNR (Royal Navy Reserve), il était devenu Rock&Roll, puis plus simplement Rocky. Il devait malheureusement décéder en 1959. Il existe de nombreuses photos d’Astrid d’Ydewalle, devenue de Coune, montant ce beau petit cheval.

Dès 1958, les relations entre Belges et Congolais ont commencé à se détériorer, au grand malheur de René qui se voyait prolonger sa carrière au Kivu, son ambition étant de devenir Gouverneur ! « Le gouverneur était Mr. t’Kint de Roodenbeke. Leur fille Geneviève avait mon âge et nous allions souvent chez eux. Ils habitaient une belle propriété à Bukavu qui nous subjuguait. »

A la fin de son second mandat (1959), René rentra avec regrets en Belgique, pour ne plus jamais retourner au Congo. Ghislaine par contre fut ravie de retrouver ses terres natales.

En Belgique, une nouvelle vie devait se reconstruire, en partant de zéro.

Ensemble, ils ont très courageusement relevé ce nouveau défi.

PS : De ses années au service de l’Etat et du bien commun, René a gardé la médaille de Chevalier de l’Ordre du Lion.

Texte de Georges-Marie Verhaegen, d’après le témoignage de Claude Verhaegen (épouse Yves Mahieu), tous deux enfants de René Verhaegen et Ghislaine van Outryve d’Ydewalle.

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Témoignage du Baron André de Maere d'Aertrycke

André de Maere d’Aertrycke (1), qui était également Administrateur territorial durant les années '50, a bien connu la famille Verhaegen au Congo.
Il se souvient que René Verhaegen
était passionné par ce métier, qu’il exerçait avec autorité, humour et psychologie, s'intéressant beaucoup aux coutumes ancestrales et à l'art africain : poteries, vannerie, folklore.
Le 21 juillet, René Verhaegen organisait une après-midi festive avec des chants et des danses rwandaises sur la plaie de foot de Shangugu et le même jour, la reconstitution d'un tournoi médiéval  pour montrer à ses administrés que les Belges avaient, eux aussi, leur folklore… 

André de Maere évoquait dans un article paru en 2012 (2) la mission particulièrement délicate qui était confiée aux fonctionnaires du Service Territorial :

Au Congo Belge, le Service Territorial avait pour mission principale de se tenir constamment en contact avec les Autochtones, les Chefs indigènes, les Notables et les Juges coutumiers, dont il devait veiller à maintenir ou relever le prestige, avec comme objectif l’amélioration du fonctionnement de ces institutions et l’instauration d’une « bonne gouvernance », comme on le dirait aujourd’hui.
(…)
Dans la pratique, cela signifiait que les Administrateurs et Agents Territoriaux étaient tenus de se déplacer en brousse jusqu’aux endroits les plus reculés, au moins vingt jours par mois, certains y résidant même de façon continue en poste détaché, ce qui n’en faisait pas des sédentaires pour autant, car ils devaient aller visiter tous les villages de la région.

Pour se déplacer jusqu’au fin fond de la brousse, les stations-wagons ou pickups devaient être abandonnés là où finissait la piste carrossable et il fallait poursuivre sa route à pied ou à vélo, parfois aussi en pirogue ou en baleinière. Les bagages étaient acheminés par portage jusqu’à la prochaine étape. On partait tôt le matin, on faisait halte quand le soleil était au zénith et on reprenait la route l’après-midi jusqu’à ce que l’obscurité tombe.

(1) Auteur de ‘L'histoire manipulée, les contrevérités réfutées, 1885-1960’, paru en novembre 2015

(2) Mémoires du Congo et du Ruanda-Urundi (n°22 – Juin 2012)
       André de Maere d’Aertrycke - 'Quand la Territoriale parcourait la brousse' (p.16-18)

Autre lien utile :
VRT Nieuws – Dossier ‘Les enfants de la décolonisation’ (décembre 2018) – Interview d’ André de Maere.

-> Sommaire du Bulletin n°30