Anne, Brigitte et Myriam Papeians de Morchoven nous confient un bref témoignage concernant l'engagement de leur maman dans la Résistance.
Plusieurs membres de notre famille se sont impliqués dans la lutte contre l’Occupant.
On se souvient du témoignage de Pierre d’Ydewalle, sœur de notre tante Marthe, qu’il a relaté dans ses ‘Mémoires II (1940-1945)’.
L’étude magistrale (*) que Marie-Pierre d’Udekem d’Acoz a consacré au rôle de la noblesse dans la Résistance, s’en est également fait l’écho.
D’après certaines sources (**) notre tante Marthe aurait rejoint le groupement ‘De Groote’, section brugeoise du mouvement de résistance ‘Nationale Partij’, qui s’était constitué dès 1940.
Le décès de notre tante Marthe Papeians de Morchoven ('tante Pépé'), disparue à quelques temps de son centenaire, a ravivé divers souvenir concernant son engagement dans la Résistance.
Nous sommes reconnaissants aux trois filles de notre tante Marthe de nous relater ci-dessous quelques souvenirs épars concernant l’implication de leur maman dans la Résistance:
123 jours, c'est le temps passé par Maman en prison pendant la guerre.
Et c'est aussi ce qui l'a poussé à s'engager dans la Résistance....!
Car Maman a fait les choses à l'envers: elle a été dénoncée comme résistante et enfermée à la prison de Bruges tout en étant "innocente" des faits reprochés.
Puis, à sa sortie, 4 mois plus tard, elle s'y est engagée pour de bon !
"Il fallait au moins que cela serve à quelque chose" nous a-t-elle dit...
Quelques souvenirs de son séjour en prison :
Des choux de toutes les formes et de toutes les couleurs à tous les repas (du coup, jamais de chou à notre table familiale)
Des religieuses qui étaient très gentilles...
...et la gale pour célébrer sa sortie et rentrer au Peereboomveld.
Comment a-t-elle fait pour entrer dans la Résistance ? Nous l'ignorons.
Que faisait-elle exactement ? Transmettre des messages écrits : elle circulait à vélo, avec des papiers parfois cachés dans ses souliers, par tous les temps et en parcourant des dizaines de kilomètres, vers les Polders, jusqu'à la côte....
Notre mère était bien entraînée...
Qui lui donnait les "papiers" et les adresses ? Nous l'ignorons.
Qui savait ? Personne de la famille...sauf son frère Pierre qui lui a dit un jour entre deux portes : "si on t'arrête, tu ne sais rien". C'est tout. C'était clair...
Et effectivement, elle n'a rien dit lorsqu'un jour elle a été questionnée par des soldats allemands.
Elle a continué à aller et venir en poussant son vélo.....
C'était sûrement sa manière à elle de faire la guerre et sans doute d'être plus proche de son fiancé emprisonné en Allemagne pendant 5 longues années.
C'est sans doute ce qui lui faisait dire :
"Moi, je n'ai été en prison que 4 mois, pour d'autres, c'était beaucoup plus long..."
et
"On s'est battu pour la liberté"
P.S. Durant les dernières années de savie, Maman a dévoré tous les livres qui traitaient de près ou de loin de la deuxième guerre mondiale.
Anne Papeians de Morchoven, avec Brigitte et Myriam
Ci-dessus: carte de Prisonnier Politique de notre tante Pépé.
Références
(*) Marie-Pierre d’Udekem d’Acoz- ‘Pour le Roi et la Patrie’, Bruxelles, Editions Racine, 500 p.
(**) V.O.PG.V. - Vriendenkring van Oorlogswezen van Politieke Gevangenen en Verzetsstrijders Brugge – kust. Dossier ‘Verzetsgroeperingen Regio Brugge – Oostkust’ consultable en ligne.
-> Autres articles publiés dans le Bulletin n°27 (octobre 2017): lien