Association familiale van Outryve dYdewalle Familievereniging

 05 AdM Jeune moine RTroisième des quatre fils d’Emmanuel de Meester (1866-1943) et de Marie-Thérèse van Outryve d’Ydewalle (1875-1950), Antoine de Meester est né le 1er mai 1906 au château de La Bruyère (Saint-André). Nous empruntons le rappel des principales étapes de sa vie à la chronique de l’Abbaye de Saint-André:

«Après ses humanités à l’école abbatiale, et un an d’études à Louvain, il entre au noviciat. Ordonné prêtre, il prit une licence en théologie puis fut, jusqu’en 1936, titulaire de la classe de poésie. Il avait l’art de captiver son auditoire. Il a été ensuite économe de l’abbaye. Cette lourde tâche qui comprenait alors aussi la gestion de la ferme, se compliqua pendant les années de la guerre, surtout après la dispersion de la communauté et de l’école. Il se déplaçait dans une vieille auto. Il ravitaillait aussi des couvents de religieuses et des personnes dans le besoin. Les fermiers de la région le connaissaient bien à cause de sa chasse au ravitaillement. Il fit partie de la Résistance et a été emprisonné par l’Occupant pendant un mois.


 05C2 AdM moine en blaznc REn 1953 il partit pour le Katanga. Après un séjour à Elisabethville, il a été cinq ans Supérieur à Kapolowe. Après avoir été deux ans curé au Kenya, quartier populaire d’Elisabethville, il a passé ses dernières années – soit 16 ans – pratiquement dans la solitude, en ermite, à Lukafu, seul parmi cette population qu’il aimait. Il est mort à l’hôpital Saint-Jean à Bruges le 17 janvier 1978, âgé de 71 ans.»

Une personnalité hors-normes
Les archives de l’Abbaye de Saint-André de même que les témoignages de ses cousins nous dressent le portrait d’une personnalité à l’intelligence tout à fait exceptionnelle, bouillonnant d'activités mais ayant aussi besoin de méditation pour se ressourcer. Il appliquait à la lettre la devise bénédictine: "Ora et Labora

Dès l’entre-deux guerres, le Père Jean-Baptiste accueille à l’Abbaye de Saint-André un groupe de personnalités soucieuses de réfléchir à l’Aristocratie de demain.
Le programme de ce week-end de réflexion comprend différents exposés proposés par le baron Snoy et d’Oppuers, le comte Eugène de Grunne, Charles d’Ydewalle ainsi que le philosophe Max Lamberty, proche du Mouvement flamand. Cette initiative s’inscrivait dans le contexte de la création en 1936 de l'Association de la Noblesse, comme le rappelait l’In Memoriam publié par l’ANRB à l’occasion de son décès, et que nos lecteurs peuvent consulter dans la version en ligne du Bulletin n°30.

 05B2 Libration deMeester Zevenkerken 41 RLes années de guerre l’amenèrent à s’engager activement dans la Résistance. Il s’impliqua personnellement au mois d’août 1944 dans une périlleuse opération de libération du village de Loppem, qu’un retour imprévu des allemands faillit transformer en drame. On le retrouve aumônier aux Armées, lors des cérémonies célébrant la Libération de Bruges.

Fort intéressé, comme son oncle Stanislas, par l’histoire de la famille d’Ydewalle, le Père Jean-Baptiste collecte patiemment nombre de fiches et notices généalogiques sur les aïeux du12ième siècle jusqu’à nos jours.
05 Dans moulin de MeetkerkeCes notices généalogiques l’accompagneront en brousse lors de son départ pour le Congo.
Tenté par une vie d’ermite, Antoine fit de longs séjours dans le moulin de Meetkerke (visuel ci-contre).
Andrée de Meester se souvient aujourd’hui de l’excellent accueil que l’oncle Antoine y réservait à tout qui frappait à sa porte, par exemple lorsqu’elle-même et sa sœur Gaëtane, bien que fort jeunes, pédalèrent de Ramsdonck à Meetkerke pour lui rendre visite.

05 Voiture corrL’habit monastique ne l’empêchait guère de se déplacer parfois dans la Bugatti familiale.
 05 AdM avec Mgr de Hemptinne Ariv E ville 26 03 1953 RedIl ne s’en séparera définitivement en mars 1953, à Rome, au moment de quitter l’Italie aux côtés de Mgr. de Hemptinne pour entamer un engagement missionnaire de vingt ans au Katanga.

Andrée de Meester se souvient avoir accompagné son mari (Baron François Drion du Chapois, 1928-2015) dans le cadre d’une mission que ce dernier effectuait à Elisabethville, et nous compte l’inoubliable rencontre, au cœur de la brousse, avec leur cousin Antoine:

 05X Adm 12 3 59 apres depart Jean Je reste seul R«Le Père Calixte Moens nous a amené depuis Elisabethville, au terme d’une journée de trajet sur des pistes improbables jusqu’à la lointaine mission de Lukafu. Nous y avons été accueillis par Antoine, comme toujours fumeur invétéré, qui y occupait une maison en dur dont l’intérieur témoignait à l’évidence de ses préoccupations intellectuelles. Une des fenêtres comportait un petit vitrail avec les armoiries familiales.
Le Père Jean-Baptiste a toujours veillé à concilier sa vocation monastique avec un tempérament de bon vivant. Il aimait la vie et les bonnes choses, appréciant par exemple qu’un ami de la Belgolaise approvisionne parfois le poste de Lukafu en bière. Mais il y vécut de nombreuses années de solitude, au cœur d’une région pauvre et éloignée de tout centre urbain. S’il lui arrivait de tirer un buffle, c’était pour le partager avec tout le village." 

Andrée de Meester précise encore que malgré son caractère fantaisiste, le Père Jean Baptiste l'impressionnait profondément par sa foi. Ainsi il ne disait jamais la messe – alors en latin - sur un ton monocorde, mais y plaçait toujours des intonations personnelles.

Mission de Lukafu: suite familiale
La mission de Lukafu que le Père Jean-Baptiste a animée de 1961 à 1977 s’est trouvée, par un curieux hasard, transmise plus tard à un autre descendant de la famille de Meester, en la personne du Père Louis de Buisseret (Ordre des Franciscains), également né de Meester.

Ce dernier n’aura d’autre choix que de quitter définitivement Lukafu en 2013, lorsque les troubles occasionnés par les maï-maïs faillirent lui coûter la vie.

Hugues d'Ydewalle

Merci !
Diverses facettes méconnues concernant le Père Jean-Baptiste de Meester n’ont pu être explorées dans ce bref article. Les nombreuses archives qu’il a confiées à sa famille et à sa communauté monastique mériteraient à coup sûr d’être explorées.
Nous remercions Monsieur Omer Timmerman (Archief Sint-Andriesabdij Zevenkerken), le Baron et la Baronne Léopold de Meester, leur fille Catherine ainsi que la Baronne Andrée Drion du Chapois pour leur témoignage et pour la mise à disposition des archives photographiques du Père Jean Baptiste de Meester.
Nous publions également, avec l’aimable autorisation de l'éditeur, l’article ‘In Memoriam Dom Jean Baptiste de Meester’ paru en 1978 dans le Bulletin de l’ANRB: lien